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Le nouveau visage du mépris

durée 13h28
13 juillet 2015
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Anne-Marie Arguin

Le tournoi de Wimbledon vient tout juste de se terminer à Londres. Wimbledon est le tournoi de tennis le plus prestigieux au monde. C’est la Coupe Stanley, le Tournoi des Maîtres, le Super Bowl du tennis. L’an passé, la québécoise Eugénie Bouchard y connaissait les meilleurs moments de sa jeune carrière.

Le 3 juillet, elle battait en demi-finale l’une des trois meilleures joueuses au monde, la roumaine Simona Halep, pour atteindre sa première finale en Grand chelem chez les professionnelles. Une finale où elle allait s’incliner contre Petra Kvitova, mais une performance magistrale somme toute durant la quinzaine qui confirmait son statut de vedette sur le circuit féminin. Eugénie ou «Genie» pour son astronomique nombre de fans était devenue la joueuse favorite des québécois comme des américains. Au mois d’octobre dernier, elle faisait même son entrée dans le top 5 mondial. Tout allait comme sur des roulettes jusqu’à ce que ne survienne…

La déchéance 2015

Depuis le début de l’année, la nouvelle coqueluche du tennis mondial est en chute libre. 8 victoires et 14 défaites. Elle est maintenant au 26e rang mondial selon le nouveau classement d’aujourd’hui.

Mais ce qui chicote en réalité, ce ne sont pas tant ses performances beaucoup moins impressionnantes. Un creux de vague, même les meilleurs en connaissent une fois de temps en temps. Ce qui accroche, c’est son attitude. D’abord à la Fed Cup, en avril dernier, alors qu’elle refuse de serrer la main de la roumaine Alexandra Dulgheru contre qui elle allait finalement perdre et à Roland Garros en mai, alors qu’elle répondait à une question du public en affirmant, sourire aux lèvres, ne pas être vraiment capable de parler en français «de France», parce qu’elle ne parlait plus régulièrement en français, mais qu’à tout le moins elle ne parlait pas avec un accent québécois. Même mis sur le compte de l’inexpérience ou de l’immaturité, ces propos n’ont vraiment pas leur place. Avoir 21 ans ne doit pas être une excuse à toutes les erreurs de jugement.

Je vous le jure sur la tête de ma mère, le fait qu’elle ne gagne plus n’influence en rien mon opinion. Mike Weir n’a jamais été le meilleur joueur de golf au monde, mais il a toujours été mon joueur favori. Éric Lucas était un de mes boxeurs chouchous durant toute sa carrière, pas seulement lorsqu’il était champion du monde. J’aimais bien Stéphanie Dubois, même si son classement a rarement été meilleur que le 100e échelon mondial. Pour moi, ça n’a qu’une importance assez relative. Si ton dévouement pour ton sport est total, que tu es une personne accessible, de qualité et que tu respectes les partisans qui contribuent fortement à mettre de l’argent dans tes poches, je suis de ton côté.

Mais en ce moment, Eugénie agit comme un bébé gâté. Une petite princesse à qui tout le monde doit quelque chose. L’arrogance et la confiance c’est tout à fait acceptable sur le terrain, voire même souhaitable pour déployer du caractère,  mais à l’extérieur ça a des limites. Quand ça se rend au point de mépriser tes origines, moi tu me perds c’est officiel et je suis persuadé de ne pas être le seul.

Jean Pascal a toujours été un boxeur arrogant dans le ring et durant la promotion de ses combats avec ses adversaires, mais il est disponible pour les amateurs et respecte les gens. Et pourtant lorsqu’il perd, l’opinion publique est plus sévère à son égard justement parce que sa langue déliée a fait en sorte que la foule a plus d’attentes envers lui. Imaginez maintenant Eugénie qui est arrogante avant ses matchs, après ses matchs et qui ne gagne plus. Un peu normal qu’il y ait un peu plus de critiques à son endroit qu’envers quelqu’un qui dégage un caractère un peu plus sympathique. Depuis la fin 2014, sa carrière est gérée par la firme IMG et elle a un nouvel entraîneur. Elle semble désormais davantage se voir comme une star d’Hollywood que comme une joueuse de tennis talentueuse. Souhaitons seulement qu’elle ne devienne pas la prochaine Anna Kournikova. Une joueuse prometteuse dont la beauté a eu raison du talent de sportive et qui a fini par ne rien gagner et est tombée dans l’oubli.

Il n’y rien de mal aux séances photos pour les magazines, aux soirées glamours sur les tapis rouges et la grande popularité. Il ne faut simplement pas oublier qu’est-ce qui lui a conféré son statut : ses habilités de joueuse de tennis.

La beauté, la popularité, le talent et l’argent ne sont pas des passe-droits vers le mépris. Ce que je souhaite pour Eugénie, ce n’est pas forcément la première place mondiale, ni tout plein de victoires de tournois majeurs, c’est seulement qu’elle apprenne à devenir une ambassadrice de son sport, de ses origines et qu’elle soit consciente du modèle qu’elle représente pour les jeunes. Dès que cet apprentissage sera intégré, elle obtiendra mon respect et mon appui de fan inconditionnel.  

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