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De plus en plus de médecins de famille dispensent des soins spécialisés au Canada

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26 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — La proportion des médecins de famille qui fournissent principalement des services autres que des soins de première ligne augmente d'année en année. Ils offrent davantage des soins spécialisés, selon un rapport publié mardi par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS). 

Selon l'analyse des données sur les paiements versés aux médecins en 2021, 28 % des médecins de famille canadiens offrent surtout des soins spécialisés, par exemple la médecine d’urgence, la psychiatrie et la chirurgie générale. «Ils s’éloignent donc des activités traditionnellement associées à leur rôle», soutient l'ICIS dans un communiqué. 

L'institut donne l'exemple d'un médecin de famille ayant un profil de pratique en chirurgie générale, qui, tout en demeurant identifié comme tel auprès de son collège provincial, pourrait fournir des services qui sont habituellement facturés par les chirurgiens généraux, comme une intervention chirurgicale mineure. 

Il ne s'agit pas d'un phénomène nouveau, souligne Chantal Couris, gestionnaire Ressources humaines de la santé, Méthode et outils liés aux données, de l'ICIS.

Le nombre de médecins de famille offrant des services autres que des soins de première ligne est passé de 24,8 % en 2013 à 25,7 % en 2019. Ce pourcentage a grimpé davantage de 2019 à 2022, où il est passé de 25,7 % à 28,3 %. Ces statistiques excluent le Québec, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut. 

En entrevue, Mme Couris a indiqué que pour l’instant l'ICIS n'avait pas les données pour ces régions. Elle estime toutefois que cette tendance à la hausse s'applique probablement au Québec. 

«C’est une extrapolation, mais on a peu de raisons de penser que ce soit différent, dit-elle. Pour les Territoires du Nord-Ouest c’est différent, ce sont des endroits où la dispensation des soins est un peu organisée différemment du fait qu’ils sont loin des gros centres urbains, mais au Québec, il est très probable que les données soient similaires à ce qui est observé partout ailleurs au pays, mais cela reste à confirmer.»  

Par ailleurs, le rapport montre que le taux de croissance sur cinq ans du nombre de médecins de famille a baissé, passant de 12,9 % entre 2012 et 2016 à 7,7 % entre 2017 et 2021, et le nombre de places non pourvues dans les programmes de résidence en médecine familiale a augmenté un peu partout au pays. 

«Tous les ans, il y a plus de médecins de famille que l’année précédente, précise Mme Couris. Ce qu’on constate en revanche, c’est que la rapidité à laquelle ces médecins de famille augmentent au cours du temps diminue.» 

Plusieurs facteurs peuvent expliquer l'évolution des pratiques de soins des médecins de famille au cours des dix dernières années. L'ICIS souligne par exemple que les soins de première ligne sont davantage le résultat d'une collaboration interdisciplinaire.

Les patients peuvent en effet consulter d'autres professionnels de la santé comme les infirmières praticiennes et les pharmaciens pour avoir accès à des soins de première ligne. 

Mme Couris a indiqué que ce genre de changement est observable à travers les politiques de santé, mais que les données du rapport ne permettent pas d'expliquer précisément pourquoi les médecins de famille pratiquent de plus en plus des soins spécialisés. «On constate ces changements au cours du temps. Après pour comprendre les causes de ces changements, ça demande un peu plus de dialogue avec les partenaires», commente-t-elle. 

Mme Couris soulève que selon l'organisation des soins de part et d'autre du pays, il faudrait voir si les autres professionnels de la santé comblent le fait que des médecins se dirigent vers d’autres activités. 

Elle affirme que d'autres analyses sont nécessaires pour répondre à ces questions et comprendre quelles sont les meilleures solutions. 

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne