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Des Autochtones condamnés à tort au Manitoba intentent des poursuites pour racisme

durée 21h58
5 avril 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

WINNIPEG — Deux hommes de Premières Nations reconnus coupables à tort du meurtre d'un employé de restaurant poursuivent trois ordres de gouvernement en justice, affirmant que leur emprisonnement était le résultat de discrimination raciale.

Brian Anderson et Allan Woodhouse ont été condamnés à la prison à vie alors qu'ils étaient adolescents pour le meurtre de Ting Fong Chan, poignardé près d'un chantier de construction à Winnipeg en 1973.

Ils clament leur innocence depuis des décennies.

Les hommes ont déposé cette semaine des déclarations distinctes nommant le gouvernement du Manitoba, le procureur général du Canada et la Ville de Winnipeg.

Les allégations n'ont pas été prouvées devant le tribunal et aucune déclaration de défense n'a été déposée.

La province et la Ville ont annoncé qu'elles ne feraient aucun commentaire sur une affaire portée devant les tribunaux. Le gouvernement fédéral n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.

Les poursuites allèguent que les hommes ont été «condamnés à tort en raison du racisme, des stéréotypes racistes et de la discrimination raciale dans le système de justice pénale».

Les documents allèguent, en outre, que les droits des hommes garantis par la Charte ont été violés et que les policiers et le procureur de la Couronne de l'époque ont conspiré pour les mettre derrière les barreaux.

Les deux hommes, originaires de la Première Nation Pinaymootang, au nord de Winnipeg, ont tenté de faire appel de leur condamnation devant des tribunaux supérieurs, mais leur décision a été rejetée.

Un acquittement l'an dernier

Le juge en chef Glenn Joyal de la Cour du Banc du Roi a acquitté MM. Anderson et Woodhouse l'année dernière après que le ministre fédéral de la Justice à ce moment, David Lametti, a ordonné un nouveau procès, citant de nouvelles preuves non précisées.

Lors de l'audience, la Couronne a demandé un acquittement, affirmant que le racisme systémique avait affecté l'enquête et les poursuites. Le gouvernement provincial a également déclaré qu'une erreur judiciaire avait eu lieu.

Les condamnations des hommes reposaient en grande partie sur des aveux signés que Brian Anderson avait donnés à la police.

La poursuite de M. Anderson indique que les policiers l'ont contraint en utilisant «la violence, les menaces, les insultes raciales et autres abus racialisés» et que l'anglais n'était pas sa langue maternelle.

«M. Anderson a signé un morceau de papier à la demande (des officiers). Il n'a pas sciemment signé d'aveux comme cela a été allégué», indique le document.

La poursuite d'Allan Woodhouse indique que les policiers lui ont dit qu'ils avaient des témoins l'accusant d'être impliqué dans le meurtre et qu'ils lui ont montré de faux aveux de deux coaccusés.

Le document soutient que les policiers ont également agressé physiquement M. Woodhouse et l'ont insulté.

«En raison du comportement des policiers, M. Woodhouse a signé de faux aveux pour mettre fin aux abus», indique la poursuite.

Ces aveux ont été les seuls éléments de preuve produits lors du procès.

Brian Anderson a purgé près de 11 ans et a obtenu une libération conditionnelle totale en 1987. Allan Woodhouse a purgé 23 ans.

Ils demandent un montant indéterminé en réparation du préjudice physique, émotionnel et psychologique.

Des «croyances et des stéréotypes racistes»

Deux autres hommes ont également été reconnus coupables de la mort de M. Chan. Clarence Woodhouse a été libéré sous caution l'année dernière, dans l'attente d'une décision du ministre fédéral de la Justice d'annuler sa condamnation. Russell Woodhouse a été reconnu coupable d'homicide involontaire. Il est décédé en 2011.

Les poursuites allèguent que les policiers qui ont interrogé Brian Anderson et Allan Woodhouse «ont manqué à leurs devoirs en s'appuyant sur et en perpétuant des croyances et des stéréotypes racistes pour enquêter».

M. Woodhouse a été confronté à des stéréotypes similaires pendant son incarcération, indique sa poursuite.

«Il a été victime de racisme de la part d'employés du Service correctionnel du Canada ainsi que de la part d'agents de libération conditionnelle et de psychologues», est-il écrit sur le document.

Les deux poursuites allèguent que le procureur chargé de l’affaire n’a pas divulgué des informations à l’accusé et a sciemment présenté de fausses preuves. Le procureur a également traité d’autres affaires de condamnations injustifiées très médiatisées.

«Le Manitoba est tenu pour responsable des actes et omissions de ses employés, y compris les procureurs», indiquent les poursuites.

Brittany Hobson, La Presse Canadienne