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É.-U.:une étude s'attarde à l'efficacité des médicaments approuvés de façon accélérée

durée 17h57
7 avril 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

Le programme d’approbation accélérée de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis vise à donner aux patients un accès rapide à des médicaments prometteurs. Mais à quelle fréquence ces médicaments améliorent-ils ou prolongent-ils réellement la vie des patients ?

Dans une nouvelle étude, les chercheurs ont constaté que la plupart des médicaments contre le cancer bénéficiant d'une autorisation accélérée ne démontrent pas de tels avantages dans les cinq ans qui suivent.

«Cinq ans après l'approbation initiale accélérée, vous devriez avoir une réponse définitive», a déclaré le Dr Ezekiel Emanuel, spécialiste du cancer et bioéthicien à l'Université de Pennsylvanie, qui n'a pas participé à la recherche. «Des milliers de personnes reçoivent ces médicaments. Cela semble être une erreur si nous ne savons pas s’ils fonctionnent ou non.»

Le programme a été créé en 1992 pour accélérer l'accès aux médicaments contre le VIH. Aujourd’hui, 85 % des approbations accélérées concernent des médicaments pour combattre le cancer. 

Il permet à la FDA d'accorder une approbation anticipée aux médicaments qui montrent des résultats initiaux prometteurs pour le traitement de maladies débilitantes ou mortelles. En échange, les sociétés pharmaceutiques doivent effectuer des tests rigoureux et produire de meilleures preuves avant d’obtenir une approbation complète.

Les patients ont accès aux médicaments plus tôt, mais le compromis signifie que certains médicaments ne fonctionnent pas. C'est à la FDA ou au fabricant du médicament de retirer les médicaments décevants, et parfois, la FDA décide que des preuves moins définitives suffisent pour une approbation complète.

La nouvelle étude a révélé qu’entre 2013 et 2017, 46 médicaments anticancéreux ont bénéficié d’une approbation accélérée. Parmi ceux-ci, 63 % ont été convertis en approbation régulière, même si seulement 43 % ont démontré un bénéfice clinique dans les essais de confirmation.

La recherche a été publiée dans le Journal of the American Medical Association et discutée dimanche lors de la réunion annuelle de l’American Association for Cancer Research, à San Diego.

On ne sait pas exactement dans quelle mesure les patients atteints de cancer comprennent les médicaments bénéficiant d'une approbation accélérée, a déclaré le co-auteur de l'étude, le Dr Edward Cliff, de la faculté de médecine de l'Université Harvard. 

«Nous posons la question : cette incertitude est-elle transmise aux patients ?», a souligné le Dr Cliff.

Les médicaments ayant obtenu une approbation accélérée pourraient être la seule option pour les patients atteints de cancers rares ou avancés, a déclaré la Dre Jennifer Litton du MD Anderson Cancer Center à Houston, qui n'a pas participé à l'étude.

Il est important que les médecins expliquent soigneusement les preuves, a affirmé la Dre Litton.

«Il pourrait s’agir d’un rétrécissement de la tumeur. Cela pourrait dépendre de la durée pendant laquelle la tumeur reste stable, a-t-elle indiqué. Vous pouvez fournir les données dont vous disposez, mais vous ne devez pas faire de promesses excessives.»

Le Congrès américain a récemment mis à jour le programme, donnant plus d’autorité à la FDA et simplifiant le processus de retrait des médicaments lorsque les entreprises ne respectent pas leurs engagements.

Les changements permettent à l'agence «de retirer plus rapidement l'approbation d'un médicament approuvé dans le cadre d'une approbation accélérée, le cas échéant, plus rapidement», a écrit la porte-parole de la FDA, Cherie Duvall-Jones, dans un courriel. La FDA peut désormais exiger qu'un essai de confirmation soit en cours lorsqu'elle accorde une approbation préliminaire, ce qui accélère le processus de vérification de l'efficacité d'un médicament, a-t-elle indiqué.

- Le département de santé et des sciences de l'Associated Press reçoit le soutien du groupe des médias scientifiques et éducatifs du Howard Hughes Medical Institute. L'AP est le seul responsable de tout le contenu.

Carla K. Johnson, The Associated Press