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Étude sur l'impact des feux d'artifice: des médecins mettent un bémol

durée 16h58
27 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Une étude commandée par le Regroupement des événements pyrotechniques du Québec conclut que l’impact des feux d’artifice sur la qualité de l’air lors de grands spectacles à Montréal, Québec et Gatineau «respecte en tout temps les normes environnementales québécoises», mais des médecins mettent un bémol, sous prétexte, notamment, que ces normes sont désuètes.

Le Regroupement des événements pyrotechniques du Québec et le Conseil pyrotechnique canadien ont invité les médias, mercredi matin à La Ronde, pour présenter les résultats d’une étude environnementale réalisée par la firme AtkinsRéalis.

Celle-ci a utilisé ses propres données sur la qualité de l’air, mais aussi celles provenant de différentes stations de mesure du ministère de l'Environnement près des sites pyrotechniques.

L’impact sur la qualité de l'air de ces spectacles est «très localisé dans l’espace et dans le temps», a indiqué Jean-Luc Allard, ingénieur pour la firme AtkinsRéalis lors de la conférence de presse.

L’étude s’est intéressée particulièrement aux polluants atmosphériques associés aux feux d’artifice. Plus spécifiquement, elle a analysé les métaux et les composés organiques volatils (COV) ainsi que les particules fines, aussi appelées PM2,5.

Jean-Luc Allard a indiqué que «les données historiques ainsi que les résultats de cette étude révèlent que les spectacles pyrotechniques respectent en tout temps la norme environnementale québécoise relativement à la quantité de particules fines (PM2.5) détectées sur une période de 24 heures».

Normes désuètes, selon l'AQME

Mais cette norme, comme plusieurs autres, est désuète, selon l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME).

«Le rapport affirme que les particules ont peu d'impact sur la qualité de l'airparce que ces spectacles respectent les normes québécoises, mais nous, on a un gros bémol avec ça, parce que les normes québécoises, en ce moment, elles sont dépassées et ne respectent pas les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé», a expliqué la pédiatre Ève Riopel, membre de l'AQME et étudiante au doctorat en santé publique de l'Université Johns Hopkins.

L’OMS estime que la moyenne quotidienne de particules fines (PM2.5) devrait être au taux maximal de 15 microgrammes par mètre cube (µg/m3), alors que la norme québécoise est de 30 μg/m³.

«Plusieurs études montrent que les impacts de la pollution de l'air sur la santé surviennent à un niveau beaucoup plus bas que ce qu'on pensait auparavant. Donc les résultats de l'étude qui a été publiée aujourd'hui sur les feux d'artifice auraient été plus complets et plus convaincants si les données étaient comparées aux normes de l'OMS», a indiqué la Dre Riopel à La Presse Canadienne.

Les données de l'étude montrent que la moyenne quotidienne de particules fines de 15 microgrammes par mètre cube (µg/m3), telle que suggérée par l'OMS, a été dépassée une seule fois, sur la rive sud de Montréal, lors d'un feu d'artifice du 27 juillet 2023.

«Peu importe si ça reste à l'intérieur des normes, nous ce qu'on dit, c'est que les feux d'artifice ont un impact sur la santé» et «qu'il n'y a aucun niveau de pollution atmosphérique sécuritaire pour la santé et même sous les normes, la population est exposée aux polluants et ça entraîne quand même le développement de problème de santé, surtout pour les gens à risque», a ajouté Ève Riopel.

L'AQME a récemment publié un document d'une vingtaine de pages intitulé «Cadre de référence pour un air sain» qui demande notamment au gouvernement de mettre à jour les seuils de toxicité des polluants atmosphériques.

L'initiative est soutenue par 14 associations médicales, ordres professionnels, syndicats et autres organisations, dont le Collège des médecins du Québec.

Impact sur l'environnement

Le rapport publié mercredi s'est penché sur l'impact des feux d'artifice sur la qualité de l'air, mais les spectacles pyrotechniques ont également des incidences sur la faune, la flore et la qualité de l'eau.

Questionnée à ce sujet, Sophie Emond, porte-parole du Regroupement des événements pyrotechniques du Québec et présidente de La Ronde, a expliqué que son groupe compte «se pencher sur la globalité de l'impact environnemental, donc c'est un travail en continu qui se fera au fil des ans».

Le regroupement a écrit, dans un communiqué, que pour diminuer les émissions de particules fines, «plusieurs spectacles limiteront la quantité de pièces pyrotechniques, réduiront la durée des feux d’artifice et, surtout, limiteront l’usage de certains produits pyrotechniques ayant plus d’impact sur ces émissions».

Le regroupement est composé de L'International des Feux Loto-Québec (Montréal), des Grands feux Loto-Québec (Québec), des Grands feux du Casino Lac-Leamy (Gatineau) et de La Fête du Lac des Nations inc. (Sherbrooke) ainsi que de représentants du Conseil pyrotechnique canadien.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne