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Joly voulait aplanir encore la motion sur les ventes d'armes à Israël, selon le NPD

durée 14h12
20 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Les conséquences du vote symbolique de la Chambre des communes, lundi, qui demande notamment au Canada de cesser ses exportations d'armes vers Israël se font encore sentir à Ottawa, alors que le gouvernement libéral fait face aux critiques d'Israël, mais aussi de députés de ses propres rangs.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a tenu une réunion à huis clos avec certains libéraux mardi soir, après que trois députés eurent voté contre la motion, se disant pris de court par les détails des amendements de dernière minute apportés à la motion du NPD.

Les néo-démocrates affirment avoir négocié ces changements avec les libéraux plusieurs jours avant le vote, et Mme Joly elle-même travaillait avec eux encore lundi soir pour peaufiner les détails des amendements.

La porte-parole néo-démocrate en matière d'affaires étrangères, Heather McPherson, soutient qu'encore une demi-heure avant le vote prévu en Chambre, la ministre Joly faisait pression pour assouplir davantage le libellé de la motion sur les exportations d'armes vers Israël.

La version finale de la motion, non contraignante, approuvée par la plupart des libéraux, les néo-démocrates et les bloquistes, stipule que le Canada devrait «cesser l'approbation et le transfert d’autres exportations d'armes à destination d’Israël», ce qui a immédiatement suscité le courroux du gouvernement israélien.

Le député libéral montréalais Anthony Housefather, l'un des trois députés libéraux qui ont voté contre la motion lundi soir, a déclaré mardi qu'il réfléchissait à son avenir au sein du parti. Il n'était pas présent à la réunion hebdomadaire du caucus libéral, mercredi matin. Il avait déjà indiqué qu’il n’aurait aucune nouvelle à annoncer mercredi.

Les ministres libéraux qui ont répondu aux questions des journalistes en marge du caucus mercredi matin ont tenté d'afficher un front uni et ils espéraient que M. Housefather reste.

Alors que les libéraux tentent de guérir les fractures internes, les implications internationales se font également sentir: le ministre de l'Immigration, Marc Miller, a reconnu que cette motion «n'aidera pas» les efforts du Canada pour faire sortir de la bande de Gaza les membres de familles de Canadiens coincés là-bas.

Le ministre israélien des Affaires étrangères a déclaré mardi, en réaction à la version finale de la motion, que le Canada adoptait une mesure qui nuirait à la capacité d'Israël à se défendre.

«L'histoire jugera durement l'action actuelle du Canada», a écrit Israël Katz sur le média social X.

Annulation délicate des contrats existants

La première version de la motion néo-démocrate stipulait que le Canada devrait suspendre tout commerce de biens et de technologies militaires avec Israël, ce qui aurait annulé tous les permis d'exportation existants avec l'État hébreu.

Affaires mondiales Canada a déclaré qu'il n'existait actuellement aucun permis ouvert pour l'exportation de marchandises mortelles vers Israël. «Depuis le 8 janvier, le gouvernement n'a pas approuvé de nouveaux permis d'exportation d'armes vers Israël et cela continuera jusqu'à ce que nous puissions garantir le plein respect de notre régime d'exportation», a précisé le ministère dans une déclaration écrite. 

Les permis d'exportation délivrés avant le 8 janvier sont toujours en vigueur. «Compte tenu de la nature de la chaîne d'approvisionnement, la suspension de tous les permis ouverts aurait des implications importantes tant pour le Canada que pour ses alliés», ajoute le ministère.

La députée McPherson, marraine de la motion en Chambre, a déclaré que le NPD était finalement prêt à reculer un peu sur la question de l'exportation d'armes vers Israël.

Elle a raconté que la ministre Joly l'avait approchée dans le hall de l'opposition de la Chambre vers 19 h lundi soir, à peine 30 minutes avant le vote prévu. Mme Joly a alors tenté de faire pression pour un libellé encore plus adouci que celui qui figurait dans la motion finale, a soutenu Mme McPherson.

«(Les libéraux) ne voulaient pas s'exposer à la responsabilité d'annuler des contrats d'armement, a-t-elle dit. Nous avons dit non. Nous sommes partis.»

Les négociations dépendaient en fin de compte de ce que les libéraux seraient prêts à faire pour aider les habitants de Gaza «dès maintenant», explique Mme McPherson. Cela se résume à trois lignes rouges, selon elle: arrêter la vente d’armes au gouvernement israélien, soutenir la Cour internationale de justice et imposer des sanctions aux colons extrémistes en Cisjordanie.

Le libellé entourant le soutien au travail de la Cour internationale de justice ne précise pas comment le Canada devrait le faire. Le premier ministre Justin Trudeau a déjà déclaré que son gouvernement appuyait cette instance judiciaire internationale. 

Le gouvernement libéral avait également indiqué plus tôt qu’il envisageait de sanctionner les Israéliens accusés de violences en Cisjordanie.

«Chaque fois que nous avons travaillé avec les libéraux, chaque fois que nous avons examiné quelque chose qu'ils proposaient, nous le soumettions à des membres de la communauté, à des Juifs progressistes, à des gens qui ont de l'expérience sur le terrain à Gaza, a expliqué Mme McPherson. Ce n'était pas un travail facile.»

Mickey Djuric, La Presse Canadienne