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L'intelligence artificielle piétine les droits des femmes, soutient Garceau

durée 04h30
8 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

QUÉBEC — La révolution de l'intelligence artificielle n'a rien de réjouissant pour les filles et les femmes car elle attaque carrément leurs droits, prévient la députée libérale Brigitte Garceau.

En entrevue à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Mme Garceau se dit profondément choquée de voir notamment des sites «dénuder» la gent féminine.

En effet, il est de plus en plus facile de fabriquer des montages photo ou vidéo hyperréalistes et de les utiliser à des fins de harcèlement ou d'humiliation.

«Elles ne donnent pas leur consentement. C'est une violation de leur vie privée et de l'exploitation sexuelle. C'est très préoccupant», s'inquiète la porte-parole de l'opposition officielle en matière de condition féminine.

L'intelligence artificielle est également un tremplin pour la pédopornographie, souligne Brigitte Garceau.

Elle donne l'exemple du Sherbrookois Steven Larouche, condamné à la prison en 2023 pour avoir produit plus de 80 000 fichiers pédopornographiques en utilisant la technologie d'hypertrucage.

«Comment est-ce qu'on contrôle cette exploitation et la violation des droits de ces femmes et de ces jeunes?» demande Mme Garceau, qui invite les gouvernements à encadrer l'intelligence artificielle.

Le 22 février dernier, lors du débat sur la motion soulignant la Journée internationale des droits des femmes, l'élue libérale de Robert-Baldwin a déploré qu'en général, les femmes vivent des temps difficiles.

L'inflation, la crise du logement et les grèves ont notamment eu des effets néfastes sur les Québécoises, a-t-elle dit, alors que la députée Ruba Ghazal, de Québec solidaire, rappelait les nombreux féminicides.

«On n'en peut plus de se réveiller le matin avec le nom, l'âge et le visage d'une femme tuée par son conjoint ou son ex-conjoint. C'est insupportable», a déclaré Mme Ghazal.

Elle demande à ce que le terme «féminicide» soit ajouté au Code criminel.

«Ce serait important. Il y a des groupes de femmes qui (...) disent que ça peut aider de reconnaître le féminicide, que ce n'est pas un homicide comme n'importe quel autre», a-t-elle plaidé.

Par ailleurs, Mmes Ghazal et Garceau ont affirmé avoir constaté une montée de la violence chez les couples adolescents et l'apparition d'un discours misogyne à l'école. 

«On entend des jeunes garçons dire des choses qu'on n'aurait même pas entendues de nos pères et je trouve ça extrêmement inquiétant», confie Mme Ghazal, qui souhaite que l'on prenne «soin de nos garçons».

«Il est de notre responsabilité à tous, hommes et femmes, de veiller à ce que les droits ne reculent jamais», a ajouté le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, lors du débat sur la motion.

Il a également abordé la question de l'égalité salariale, «parce que là non plus, on n'est pas arrivés». 

«On a fait du progrès, mais il y a toujours des inégalités vraiment évidentes qui persistent. Ça devrait faire partie des objectifs auxquels on se commet tous, peu importe le parti politique», a-t-il déclaré.

Pour sa part, la députée caquiste de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours, a d'abord tenu à souligner le 50e anniversaire du Conseil du statut de la femme.

Elle a déclaré que le Québec pouvait être «fier de ses valeurs, fier d'être guidé par l'égalité entre les hommes et les femmes», avant de reconnaître qu'il reste «bien sûr» du travail à faire.

«Ici, au Québec, les femmes demeurent les principales victimes de violence et elles sont sous-représentées dans les postes décisionnels», a-t-elle notamment rappelé. 

«Il ne faut jamais baisser les bras et il faut rester vigilantes. Tous ensemble, avec les hommes, nous allons continuer de défendre l'égalité», a ajouté Mme Lecours.

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Motion adoptée par l'Assemblée nationale

«Que l'Assemblée nationale souligne la Journée internationale des droits des femmes en reconnaissant que les diverses crises, inégalités et violences qui traversent notre société font obstacle à l'atteinte de l'égalité hommes-femmes, ainsi qu'à l'égalité entre les femmes entre elles-mêmes;

«Qu'elle reconnaisse la pertinence et la nécessité que les femmes manifestent leur indignation et qu'elle fasse entendre leurs voix et leurs revendications;

«Qu'elle reconnaisse que les femmes sont au front pour nos services publics, pour l'environnement, pour le droit au logement et contre la violence faite aux femmes;

«Qu'elle prenne acte que les femmes sont inquiètes de constater que des droits acquis sont menacés dans des États démocratiques et qu'elle réitère, à ce titre, son engagement envers l'accessibilité à l'avortement;

«Qu'enfin, l'Assemblée nationale reconnaisse l'importance des droits et libertés obtenus grâce à la détermination et le courage de générations de femmes et qu'elle poursuive ses efforts afin de continuer la lutte à leurs côtés.»

Caroline Plante, La Presse Canadienne