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La Presse retire une caricature dénoncée comme antisémite

durée 16h37
20 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Le journal La Presse a retiré une caricature représentant le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou sous les traits du vampire «Nosferatu», après avoir essuyé des critiques sur le fait que l'image reprenait un symbole antisémite de la Deuxième Guerre mondiale.

La caricature publiée en ligne mercredi matin représente M. Nétanyahou avec des oreilles pointues et de longs doigts pointus, évoquant une séquence du film muet de 1922, «Nosferatu le vampire», dans laquelle le comte vampire Orlok se cache sur un bateau à la poursuite de sa proie humaine.

Le texte superposé au dessin identifiait la caricature comme étant «Nosfenyahou, en route vers Rafah», dans la bande de Gaza.

Plusieurs commentateurs et politiciens ont dénoncé l’image comme une expression de propos antisémites, certains notant les échos du film allemand dans la propagande nazie et ses liens avec les représentations historiques du peuple juif comme des vampires.

L'éditorialiste en chef de La Presse, Stéphanie Grammond, a présenté ses excuses au nom du journal dans un texte publié en ligne mercredi après-midi. Elle a assuré que le média n'a jamais «eu l’intention de véhiculer des propos antisémites ou des stéréotypes nuisibles». 

«Au contraire, La Presse a déjà dénoncé haut et fort la déplorable montée de l’antisémitisme depuis le début de la guerre, au Québec comme ailleurs dans le monde. Nous réitérons aujourd’hui l’importance de combattre la haine contre le peuple juif», a-t-elle écrit. 

À Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau s'est dit heureux de voir des excuses du média et le retrait du dessin du caricaturiste Serge Chapleau, bien qu'il «n'aurait jamais dû être publié». 

«Le contenu et les allusions antisémites sont toujours inacceptables. C'est de reprendre des allusions qui datent de bien des décennies, de façon absolument inacceptable», a-t-il dit aux journalistes mercredi. 

Le lieutenant politique du Parti conservateur du Canada pour le Québec, Pierre Paul-Hus, a également affirmé que le média d'information aurait dû éviter de publier l'image. 

«C'est carrément antisémite. Ça n'a pas sa place dans un journal comme La Presse», a-t-il commenté en mêlée de presse, à la suite du retrait de la caricature, appelant la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, a condamné l'image. 

Plus tôt, Mme St-Onge a dit qu'elle ne se prononcerait pas sur le fond, en expliquant respecter l'indépendance des médias et des caricaturistes. Elle a toutefois ajouté que «ce genre de caricature va soulever la critique» en raison des impacts sur les communautés de la situation au Moyen-Orient. 

«Évidemment, dans la situation présentement au Moyen-Orient, alors que c'est extrêmement tendu et que les communautés partout ressentent ce conflit-là d'une façon très personnelle et très vive, c'est sûr que ce genre de caricature va soulever la critique, et je crois que c'est sain de critiquer les médias, c'est sain de critiquer les politiciens, mais il faut avoir des conversations qui sont respectueuses et qui placent la compassion et le respect des communautés à l'avant-plan», a-t-elle déclaré en mêlée de presse. 

Plus tard sur X, la ministre s'est dite «soulagée» par le retrait de l'image et les excuses. «C'était la bonne chose à faire. Il n'y a pas de place pour l'antisémitisme au Canada», a-t-elle mentionné. 

À Québec, le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Christopher Skeete, a aussi déploré la publication de la caricature. 

«Je salue le fait que ça a été retiré, mais je vous dirais que c'était de mauvais goût. C'était blessant. Puis j'espère que La Presse va en tirer des leçons», a déclaré l'élu caquiste aux journalistes à l'Assemblée nationale. 

Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes, a commenté sur la plateforme X que des dessins comme celui publié par La Presse contribuent à une normalisation de l'antisémitisme.

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Des sociétés liées à La Presse, Torstar et le Globe and Mail détiennent des investissements dans La Presse Canadienne.

La Presse Canadienne