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Le Collège des médecins se dote d'un plan pour regagner la confiance des Autochtones

durée 13h06
11 juin 2024
The Canadian Press, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par The Canadian Press, 2024

MONTRÉAL — En réponse à un rapport de 2022 de deux chercheuses de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue qui avait révélé des stérilisations et interruptions de grossesse imposées aux femmes des Premières Nations et Inuit, le Collège des médecins du Québec (CMQ) se dote d'un plan d'action pour s'attaquer à ces enjeux afin d'intervenir de manière préventive.

Le rapport de recherche avait mis en lumière des interventions gynécologiques ou obstétricales réalisées à l’insu des patientes ainsi que «des pressions subies par de jeunes patientes pour accepter une stérilisation définitive, en dépit de leur âge et sans que d’autres options de contraception leur soient proposées». Ces événements sont survenus entre 1980 à 2019.

Intitulé «Consentement libre et éclairé et les stérilisations imposées de femmes des Premières Nations et Inuit au Québec», le rapport a été coécrit par les chercheuses Suzy Basile et Patricia Bouchard de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Dans le cadre de leur recherche, 35 femmes ont accepté de raconter leur expérience.

La publication du rapport de recherche avait ravivé l'indignation des Québécois à la suite du décès tragique de Joyce Echaquan survenu environ deux ans plus tôt.

La publication en novembre 2022 et le décès de Mme Echaquan «ont ouvert nos yeux sur ce à quoi pouvait ressembler le racisme subi dans un contexte de soins. Or, la violence ne se traduit pas toujours par de tels actes évidents de dénigrement. Elle peut être plus subtile, insidieuse», a écrit dans son rapport le groupe de réflexion mis en place par le CMQ sur les interruptions de grossesse et les stérilisations imposées aux femmes des Premières Nations et Inuit au Québec.

Le président du Collège des médecins, Dr Mauril Gaudreault, se souvient très bien de la journée où le rapport de recherche a été publié. «J'avais dénoncé ces situations et j'étais en colère ce matin-là quand j'avais appris de tels drames pour ces femmes», s'est-il rappelé.

«La première réaction, ç'a été: ce n'est pas vrai que ça va continuer à se produire au Québec. On va regarder ça, ce qu'on a fait avec ce groupe de travail», a-t-il poursuivi.

Un préambule au Code déontologique et une formation

Le groupe de réflexion, formé en février 2023, est constitué de deux administratrices du CMQ et de son président, mais aussi d'acteurs œuvrant auprès des communautés autochtones et de la coautrice du rapport, Suzy Basile. «On a fait cela de façon consensuelle, ensemble, pour regagner la confiance de la communauté autochtone envers le système de santé du Québec», a déclaré en entrevue Dr Gaudreault.

«Parce que ce pourquoi les patientes autochtones n'ont pas communiqué cela au Collège, c'est parce qu'elles n'ont pas confiance en nous, reconnaît Dr Gaudreault. Il faut faire partie de la solution et bien humblement je ne pense pas que cela va régler tout, mais c'est un pas en avant.»

Le groupe de réflexion a fait sept recommandations, notamment de rendre obligatoire une formation de base en sécurisation culturelle des soins de santé pour les professionnels des directions des enquêtes et de l’inspection professionnelle du CMQ. Cette formation devrait aussi être promue auprès des médecins, mais elle ne sera pas obligatoire.

Dr Gaudreault n'exclut pas qu'elle devienne obligatoire pour les médecins, mais pour l'instant elle sera optionnelle à l'automne.

Le CMQ ajoutera également un préambule au Code de déontologie des médecins pour proscrire toute discrimination basée sur la culture et l'identité.

Trois prémisses ont été retenues: «la reconnaissance des facteurs historiques, sociaux et culturels qui sont propres aux personnes issues des Premiers Peuples et qui influencent leur santé et leur bien-être ainsi que les soins de santé qui doivent leur être prodigués; la reconnaissance du respect de toute culture et de toute identité d’une personne, incluant celle du genre; la reconnaissance de la discrimination et du racisme systémiques, et de tout système et toute structure qui reproduisent des oppressions et créent des inégalités de pouvoir envers la population, la patientèle, l’équipe soignante et le personnel médical.»

Les pistes d'actions recommandées par le groupe de réflexion pourront être mises en place dès cette année.

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Katrine Desautels, La Presse Canadienne