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Malgré les frustrations des dentistes, Holland, maintient qu'il y a «négociations»

durée 05h00
11 avril 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Les dentistes ne peuvent pas participer à un régime national de soins dentaires à moins de savoir exactement comment il fonctionnera, a déclaré mercredi Heather Carr, présidente de l'Association dentaire canadienne.

Le ministre fédéral de la Santé a comparé leurs craintes à celles suscitées par le lancement du régime national d’assurance-maladie dans les années 1960.

Mme Carr, dont l'organisation représente les associations dentaires provinciales et territoriales, a expliqué que le programme fédéral doit être bien fait avant que les personnes âgées inscrites puissent commencer à l'utiliser le mois prochain.

«Nous devons savoir sur quoi nous nous engageons et ce que nous pourrons faire pour les patients afin de les soigner, a-t-elle déclaré. Je pense que nous devons bien faire les choses dès le début.»

Le programme, un engagement clé du pacte politique des libéraux avec le Nouveau Parti démocratique (NPD), devrait fournir une couverture dentaire aux familles non assurées dont le revenu familial est inférieur à 90 000 $.

L'inscription a été déployée par étapes et les personnes âgées de 65 ans et plus admissibles devraient commencer à bénéficier d'une couverture.

Les libéraux font face à des critiques concernant le programme, qui devrait coûter 13 milliards $ sur cinq ans, en partie à cause de la lenteur de l'adoption par les prestataires de soins bucco-dentaires.

Le ministre de la Santé, Mark Holland, a insisté mercredi sur le fait que le gouvernement s'efforçait de répondre aux préoccupations des dentistes en facilitant la participation sans avoir à s'inscrire officiellement, et s'attend à une «participation massive».

«Nous facilitons grandement leur participation et nous avons des conversations continues et il y a évidemment des négociations», a-t-il rapporté aux journalistes sur la colline du Parlement, ajoutant que «des milliers» de dentistes se sont déjà inscrits.

Il a comparé cette période de négociation aux difficultés croissantes liées à la mise en place d’un système national d’assurance-maladie il y a plusieurs décennies.

«Cela rappelle certaines des luttes que qui ont été menées au début pour garantir que tout le monde bénéficie de soins médicaux, a rappelé M. Holland. Si vous vous souvenez, dans les années 1960, les médecins avaient beaucoup de questions, d'inquiétudes et de craintes concernant l'extension de cette couverture. Et donc, chaque fois que vous étendrez la couverture et créerez quelque chose de nouveau, il y aura des défis.»

Manque d'informations, disent les dentistes

De nombreux dentistes estiment ne pas disposer de suffisamment d'informations à ce stade pour s'inscrire, a soutenu Mme Carr, dentiste en exercice depuis 36 ans.

Le fait qu’ils doivent d’abord s’inscrire est une chose à laquelle les prestataires de soins bucco-dentaires ne sont pas habitués, a-t-elle ajouté, car les dentistes sont habitués à traiter directement avec les patients.

Si un dentiste veut attendre plus d'informations avant de s'inscrire, il pourrait perdre des patients, a fait remarquer Mme Carr.

«Votre patient actuel ne pourra peut-être plus vous voir parce qu'il n'y a aucune disposition», a-t-elle relevé, qualifiant la conception globale du programme de «beaucoup plus compliquée que nécessaire».

Des groupes représentant les dentistes et les hygiénistes ont exprimé leurs inquiétudes concernant la structure salariale d'Ottawa, affirmant que les honoraires proposés sont inférieurs à ceux actuellement facturés aux patients.

Les associations dentaires ont averti que certains de leurs membres hésitent à participer au programme, invoquant des problèmes de facturation.

Et entre-temps, on dit aux patients que le programme de soins dentaires est entièrement gratuit, a réagi Mme Carr, même s'il peut y avoir des «dépenses personnelles» dans certains cas.

«Mais nous ne pouvons pas être clairs à ce sujet», a-t-elle ajouté.

Mark Holland a qualifié les honoraires proposés de «justes», mais le Dr Carl Tremblay, président de l'Association des chirurgiens-dentistes du Québec, voit les choses différemment.

Le ministre demande essentiellement à ses membres de «subventionner» le programme fédéral en offrant des tarifs réduits aux personnes admissibles, a affirmé M. Tremblay.

Ottawa «nous demande essentiellement de la charité», a-t-il mentionné, s'engageant à «continuer à facturer nos tarifs habituels» et rejetant l'idée qu'ils tentent de négocier leurs tarifs avec le gouvernement fédéral.

Le chef conservateur Pierre Poilievre n'a pas encore pris position publiquement sur le programme et son bureau n'a pas encore répondu à une demande des médias.

M. Holland a déclaré que le député de la Nouvelle-Écosse et porte-parole conservateur en matière de santé, Stephen Ellis, avait jusqu'à présent refusé de le rencontrer pour discuter du programme.

«C'est intéressant parce que le ministre de la Santé ne cesse de vanter le nombre de Canadiens qui se sont inscrits au programme de soins dentaires. Je suppose que le défi que j'aimerais que vous releviez tous est de savoir combien de dentistes se sont inscrits», a-t-il affirmé mercredi.

Stephanie Taylor et Michel Saba, La Presse Canadienne