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Projet de loi sur la construction: «Il n'y a rien d'exclu», assure Jean Boulet

durée 04h45
12 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

QUÉBEC — Les consultations sur le projet de loi 51 qui vise à moderniser l’industrie de la construction débutent mardi à l’Assemblée nationale, sur fond de grogne des syndicats. Le ministre du Travail, Jean Boulet, assure que «tout ce qui est dans le projet de loi est ouvert à la discussion».  

«Il n'y a rien d'exclu. (...) L'important, c'est de faire des recommandations qui sont respectueuses des objectifs que nous avons, c'est-à-dire de réduire les délais, de diminuer les coûts, d'avoir des organisations de travail plus flexibles», a-t-il affirmé en entrevue avec La Presse Canadienne. 

Le ministre assure ne pas avoir de crainte en raison du mécontentement que suscite déjà son projet de loi. «Je suis heureux de débuter les consultations. (...) Ça me rend toujours fébrile. C’est un projet de loi qui est modéré, équilibré et perfectible», assure-t-il.

Le projet de loi 51 déposé en février par le ministre du Travail vise à assurer une plus grande mobilité des travailleurs entre les régions du Québec et à accroître la polyvalence des travailleurs en permettant un partage de tâches entre certains métiers.

Si les organisations patronales ont en général applaudi au dépôt de ce projet de loi, il en est autrement des syndicats, qui s’inquiètent des répercussions sur leurs membres. La FTQ-Construction manifeste d’ailleurs mardi devant l’Assemblée nationale. 

Mobilité et polyvalence

L’association syndicale qui représente 90 000 membres est critique de la volonté du gouvernement de permettre une plus grande mobilité des travailleurs de la construction entre les régions. «C'est les gens, les pères et les mères de famille qui élèvent leurs enfants dans ces régions-là, qui vont avoir des problèmes à travailler dans leur propre région administrative. Ce n'est pas vrai qu'il va y avoir de l’ouvrage à fond la caisse dans toutes les régions administratives du Québec», soutient le directeur général de la FTQ-Construction, Éric Boisjoly en entrevue avec La Presse Canadienne. 

Le ministre Boulet défend cette mesure dans sa pièce législative. «C'est important de prioriser l'embauche régionale, les travailleurs qui sont disponibles et qui veulent faire des heures. Mais il faut s'assurer que les projets industriels qui vont se réaliser un peu partout au Québec – qu’on pense à la filière batterie ou énergie –, qu’on ait la main-d'œuvre disponible pour s’assurer que ces projets voient le jour dans les meilleurs délais possible. La mobilité interrégionale est quand même conditionnelle, elle est contrôlée», explique-t-il. 

Les règles actuelles de priorité d’embauche régionale font qu’un employeur qui décroche un contrat dans une autre région que la sienne peut y emmener un nombre limité de ses travailleurs réguliers. Il doit aussi embaucher des travailleurs dans la région où il a décroché ce contrat.

La FTQ-Construction craint également que la plus grande polyvalence demandée aux travailleurs de la construction ait des impacts sur leur sécurité. Éric Boisjoly soutient qu’il est déjà possible pour un carreleur, par exemple, d’aller chercher sa carte de compétence dans un autre domaine, mais qu’il s’agit d’un phénomène marginal. «Pourquoi? Parce que les gens veulent être compétents, ils veulent être employables et ils veulent être productifs dans leur champ d'activité», affirme-t-il. 

Encore ici, le ministre soutient que le projet de loi encadre la question de la polyvalence afin d’éviter les effets pervers. «Il y a un certain nombre de conditions dans la loi qui permettent d'éviter que ça ait un impact négatif sur la qualité de la construction, pour ne pas que ça soit en contradiction avec les compétences des travailleurs et pour ne pas que ça ait de répercussions négatives sur leur santé et leur sécurité. C’est pour permettre une exécution plus agile du travail sur les chantiers de construction», a dit M. Boulet. 

Certains métiers seront exclus de ce partage des tâches, pour des raisons de sécurité, comme ceux d’électricien, de plombier, de mécanicien d’ascenseur et de grutiers, sauf ceux qui travaillent sur les camions-flèches.

Thomas Laberge, La Presse Canadienne