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Un rapport suggère à Ottawa de financer les recherches de tombes anonymes après 2025

durée 22h27
21 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

Un rapport intermédiaire d'un groupe international chargé de fournir des conseils sur l'identification et la localisation des tombes anonymes des enfants ayant fréquenté les pensionnats indique que le Canada devrait continuer à financer les recherches au-delà de 2025.

Le rapport de la Commission internationale sur les personnes disparues (ICMP), établie à La Haye, couvre le travail accompli jusqu'à présent et suggère les prochaines étapes.

Il recommande également qu'il y ait un dialogue multijuridictionnel pour répondre aux besoins des communautés et qu'Ottawa ratifie la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.

«Les États ont la responsabilité de retrouver toutes les personnes disparues, quelle que soit leur origine», a déclaré Kathryne Bomberger, directrice générale de la commission, jeudi à Ottawa.

Ottawa a lancé le Fonds de soutien communautaire pour les enfants disparus des pensionnats en juin 2021. L'argent est destiné aux communautés et aux familles pour rechercher, localiser et documenter les lieux de sépulture, ainsi que pour commémorer la mort d'enfants et ramener les restes à la maison.

L’initiative est financée jusqu’en 2025.

Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada (RCAANC) a indiqué qu'il n'était pas en mesure de fournir un commentaire sur le rapport, jeudi.

Un mouvement national visant à retrouver des tombes anonymes et à honorer la mémoire des disparus a commencé après qu'un radar pénétrant dans le sol a détecté de possibles restes sur le site de l'ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique, en 2021. De nombreuses autres Premières Nations ont commencé à fouiller les terrains d'anciens pensionnats à travers le pays et des milliers d'autres tombes présumées ont depuis été localisées.

Peu de temps après la découverte initiale, l'Assemblée des Premières Nations a invité la commission au Canada pour l'aider à fournir des conseils et un soutien technique. Les dirigeants autochtones ont appelé à l'élaboration d'un cadre juridique national pour traiter de l'identification des tombes anonymes dans le contexte du droit pénal international et des violations des droits de l'homme.

La commission se spécialise dans la collaboration avec les gouvernements et les organisations du monde entier pour retrouver les personnes disparues. Elle a mené de tels travaux au Canada après la catastrophe ferroviaire de Lac-Mégantic en 2013, qui a fait 47 morts.

Le gouvernement fédéral a signé un accord technique avec la commission l'année dernière. Mais peu de temps après l'annonce du contrat de 2 millions $, il a été critiqué par le Centre national pour la vérité et la réconciliation et par l'interlocutrice spéciale nommée par le gouvernement pour enquêter sur la question en raison du manque d'expérience autochtone de la commission.

Un accord modifié a ensuite été signé.

Le rapport de la commission indique qu'elle a organisé huit présentations officielles avec les Premières Nations, participé à 10 rassemblements clés et tenu des discussions individuelles, établissant des liens avec environ 1500 détenteurs de droits et partenaires autochtones.

L'organisme a également surveillé des recherches sur le site d'un ancien pensionnat au Manitoba.

Certaines Premières Nations ont demandé de l'aide en matière «d'archéologie médico-légale et d'anthropologie, d'exigences pour entreprendre une exhumation et de gestion efficace des données dans les cas de personnes disparues à long terme», indique le rapport.

Mme Bomberger a déclaré que le processus de recherche pour chaque communauté est unique, mais qu'il doit y avoir une stratégie unifiée pour collecter et partager les données. Le rapport indique qu'il est important de soutenir les enquêtes menées par les Autochtones avec l'assistance technique de la commission.

Les communautés ont besoin de réponses

«C'est un processus très difficile et exténuant que de commencer à réfléchir et à trouver des moyens de soutenir sans traumatiser à nouveau les familles», a déclaré Sheila North, responsable du programme canadien de la commission.

On estime que 150 000 enfants autochtones ont été forcés de fréquenter des pensionnats partout au Canada. La Commission de vérité et réconciliation, qui a examiné l'héritage des pensionnats, a constaté un taux élevé de décès dus à la violence, à la maladie et à la malnutrition.

Mme North a déclaré que les communautés ont besoin de réponses, et cela nécessite un soutien financier continu.

La publication du rapport a coïncidé avec une conférence de presse tenue par Niki Ashton, porte-parole du NPD fédéral en matière de services aux Autochtones, avec des représentants de la commission et certains dirigeants des Premières Nations. Mme Ashton a demandé au gouvernement libéral de maintenir le financement tant que les communautés chercheront des réponses.

«La réponse du Canada a été loin d'être acceptable», a affirmé Mme Ashton.

Le chef de la nation dénée Gerald Antoine a affirmé qu'il avait développé de bonnes relations avec la commission. Il a déclaré que les pensionnats équivalaient à un génocide.

Les familles ont droit à la justice, a-t-il fait valoir.

«La vérité est en train d'être révélée, a déclaré M. Antoine. Il y a beaucoup de personnes portées disparues.»

Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne