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C-11: Rodriguez dit avoir rejeté des amendements pour éviter un «passe-droit»

durée 13h04
8 mars 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Par La Presse Canadienne, 2023

OTTAWA — Le ministre du Patrimoine, Pablo Rodriguez, estime que le gouvernement est arrivé à «un bon compromis» en acceptant certains amendements proposés par le Sénat à son projet de loi C-11 sur les plateformes de diffusion en continu, mais en rejetant «ceux qui pouvaient créer un passe-droit pour certains».

Il a ainsi expliqué la décision des libéraux d'écarter, entre autres, les changements souhaités par les sénateurs pour circonscrire quel type de contenu le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) pourrait réglementer ou non par pouvoir discrétionnaire.

Le projet de loi C-11 vise à moderniser la Loi sur la radiodiffusion pour y intégrer des plateformes de diffusion par internet telles que Youtube, Spotify et Disney+. Le gouvernement Trudeau souhaite assurer une meilleure «découvrabilité» des contenus canadiens.

Les propositions de la Chambre haute — qui a terminé son étude du projet de loi et l'a renvoyé à la Chambre des communes pour la suite du processus législatif — se voulaient une réponse aux inquiétudes de plusieurs conservateurs ainsi que des créateurs de contenu que des utilisateurs des plateformes soient limités ou brimés dans ce qu’ils peuvent y partager.

L'un des amendements visait à répondre aux inquiétudes de plusieurs témoins entendus durant l’examen du projet de loi, et à préciser que le pouvoir, si exercé, ne pourrait cibler que du contenu professionnel et non pas du contenu amateur, par exemple.

«L’amendement que nous proposons vise à concentrer l’article 4.2 sur la cible visée, la musique professionnelle, sans restreindre indûment la latitude du CRTC. (...) Cela signifie en fait que les youtubeurs, les vidéos amateurs ou tout autre contenu non associé à la musique professionnelle ne sont pas visés par le projet de loi C-11», avait déclaré la sénatrice Julie Miville-Dechêne.

Aux yeux de M. Rodriguez, les amendements rejetés auraient créé un «passe-droit». «Ça veut dire que tout ce qui est contenu commercial doit être inclus, qu’il soit sur une plateforme ou sur une autre. Donc, je pense qu'en allant de l’avant comme ça, on tient compte des besoins, des commentaires de tous d’une certaine façon et on vient appuyer le secteur de la musique», a-t-il dit mercredi avant de se rendre à la réunion du caucus libéral.

Dans une motion inscrite au feuilleton, le gouvernement signale qu'il a l'intention d'envoyer un message au Sénat lui signalant quels amendements «La Chambre» refuse. Les députés seront d'abord appelés à se prononcer.

Questionné à savoir s'il craint un «ping-pong» législatif entre la Chambre et le Sénat et, conséquemment, un retard dans l'adoption de la pièce législative, M. Rodriguez a répondu: «C'est le projet de loi qui a passé le plus de temps au Sénat.»

«Il a été étudié amplement à la Chambre et au Sénat. Maintenant, c'est le temps d'aller de l'avant. Les secteurs de la musique, de la télévision et du cinéma le demandent», a-t-il fait valoir.

Selon ses dires, le gouvernement donne son aval à «la grande majorité des amendements» du Sénat.

Le mois dernier, l’Association de professionnels de l’édition musicale (APEM) avait invité la Chambre des communes à rejeter quelques amendements du Sénat, dont celui à propos des réseaux sociaux.

Selon l'organisme qui représente les éditeurs musicaux francophones au Canada, «l’amendement à l’article 4 n’était pas nécessaire et est rédigé de manière problématique».

«Le texte crée une échappatoire qui profiterait à des multinationales lorsqu’elles diffusent des vidéoclips. Cela est hautement problématique et aurait des répercussions sur l’ensemble des entreprises du système canadien de radiodiffusion. Il faut revenir au texte que la Chambre des communes avait adopté en juin dernier, il avait été longuement débattu et réfléchi», avait déclaré le directeur général de l’APEM, Jérôme Payette, dans un communiqué.

Or, Youtube, qui faisait pression pour un amendement précisant que les créateurs de contenus ne sont pas visés, a vertement critiqué le refus du ministre Rodriguez.

«C'est inexplicable et profondément troublant pour des dizaines de milliers de créateurs canadiens que les efforts du Sénat pour ajouter de la clarté plein de bon sens à la législation soient rejetés», a réagi mercredi Jeanette Patell, responsable des affaires gouvernementales au Canada et des politiques publiques pour la plateforme de diffusion.

Le projet de loi a également attiré l'attention des États-Unis. Deux sénateurs américains ont notamment appelé à une répression commerciale contre le Canada au sujet du projet de loi C-11, affirmant que la future réglementation bafoue les accords commerciaux.

Le ministre Rodriguez a déjà indiqué, sur ce point, ne pas avoir d'inquiétude puisqu'il croit que la pièce législative est «conforme aux obligations commerciales».

- Avec des informations de Mickey Djuric

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne