Coroner: l'UPA doit mieux sensibiliser ses membres sur le danger des fosses à purin


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — La coroner Nancy Bouchard presse l’Union des producteurs agricoles d’intensifier sa sensibilisation sur les dangers des fosses à purin sur les fermes d’élevage et sur la nécessité de porter un appareil de protection respiratoire avant d’y effectuer quelque travaux que ce soit.
Deux rapports de la coroner, rendus publics mardi, font suite à son enquête sur les décès d’Éric Jutras, 44 ans, et de sa conjointe, Caroline Robidoux, 40 ans, survenus sur leur ferme d’élevage de veaux de grain à Sainte-Christine, municipalité située en Montérégie à un peu plus de 100 kilomètres à l’est de Montréal.
Le 4 octobre 2024, M. Robidoux était descendu dans la fosse à purin, probablement pour y faire une réparation puisqu’il avait des outils. Sa conjointe, inquiète de ne pas avoir de ses nouvelles, l’a trouvé inanimé face contre terre dans la fosse. Elle a voulu lui porter secours, mais en remontant l’échelle à la demande de son frère venu l’assister, mais elle a perdu conscience dans l’échelle et est tombée à la renverse sur le corps de son conjoint.
Le décès d’Éric Jutras avait été constaté sur place, mais Caroline Robidoux, toujours vivante et hospitalisée, était décédée 18 jours plus tard.
«Un peu téméraire»
Éric Jutras, écrit la coroner, «a toujours travaillé sur une ferme, donc il avait beaucoup d'expérience à ce niveau et il savait qu'il ne devait pas descendre sans équipement dans la fosse. Toutefois, toujours d'après ses proches, il était un peu téméraire et il a probablement voulu faire un coup vite.»
«Chaque année, les gaz émanant des structures d'entreposage de lisier font des victimes et la majorité d'entre elles décèdent avant l'arrivée des secours», écrit la coroner Bouchard dans son rapport. «M Jutras est décédé d'une asphyxie secondaire à une exposition au sulfure d'hydrogène alors qu'il se trouvait dans une préfosse à purin», conclut-elle, tirant la même conclusion au sujet de Caroline Robidoux.
Elle souligne que «plusieurs fermes d'élevage gèrent les déjections animales sous forme de lisier. Ce mode de gestion implique des systèmes comportant des espaces clos comme des préfosses. Ces espaces peuvent contenir des gaz asphyxiants, toxiques et inflammables. Ces gaz sont produits lors de la décomposition du lisier.»
Évanouissement et mort en quelques minutes
Les plus dangereux, dit-elle, sont l'hydrogène sulfuré (H2S), le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et l'ammoniac (NH3). «Souvent combinés à une absence d'oxygène, ces gaz peuvent provoquer l'évanouissement en quelques secondes et la mort en quelques minutes», avertit-elle.
Elle ajoute que «lorsque le lisier est brassé ou mis en mouvement, ces gaz s'échappent brusquement et peuvent remplir tout l'intérieur d'un espace clos en chassant l'oxygène. C'est ce qu'on appelle le dégazage du lisier. C'est un phénomène extrêmement dangereux, car il se produit très rapidement. Sans le port d'un appareil de protection respiratoire isolant, un travailleur surpris par un dégazage dans un espace clos perdra conscience avant d'avoir pu évacuer.»
Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne