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Découverte prometteuse pour les maladies inflammatoires de l'intestin

durée 10h50
11 juin 2024
The Canadian Press, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par The Canadian Press, 2024

MONTRÉAL — Des chercheurs britanniques auraient percé le mystère d'un mécanisme qui jouerait un rôle de premier plan dans les maladies inflammatoires de l'intestin, ce qui pourrait un jour mener à de nouveaux traitements.

Le même mécanisme, qui pourrait être ciblé avec des médicaments existants, serait aussi en cause dans des maladies inflammatoires qui touchent la colonne vertébrale, le foie et les artères.

«Je pense que c'est très important du point de vue de la compréhension de la maladie, a dit le docteur Robert Battat, du département de gastroentérologie du Centre hospitalier de l'Université de Montréal. C'est un facteur qui n'était pas apprécié avant de la communauté scientifique. Et pas seulement dans le monde des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin, mais des maladies inflammatoires immunitaires en général.»

Les deux maladies inflammatoires de l'intestin les plus courantes sont la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse, qui ensemble toucheraient quelque sept millions de personnes à travers le monde.

Ces troubles surviennent lorsque le système immunitaire attaque l'intestin par erreur, entraînant des symptômes qui minent sérieusement la qualité de vie des patients. Les traitements vont des stéroïdes à la chirurgie.

Les taux de guérison ou d'amélioration significative de ces maladies sont d'environ 30 % ou de 40 %, a dit le docteur Talat Bessissow, du département de gastroentérologie du Centre universitaire de santé McGill. Cela veut dire que les médecins, en utilisant les molécules actuelles, sont incapables de guérir plus de la moitié de leurs patients.

Au fil de différentes expériences et découvertes, des chercheurs de l'Institut Frank Crick, à Londres, ont déterminé que le gène ETS2 est essentiel au comportement immunitaire des macrophages (une composante du système immunitaire) et à leur capacité à endommager l'intestin dans le cadre des MII.

«En caractérisant systématiquement les effets de la perturbation et de la surexpression d'ETS2 dans les macrophages humains, nous identifions un rôle essentiel dans l'inflammation, délimitons les mécanismes impliqués et montrons comment ETS2 peut induire des phénotypes macrophagiques pathogènes», écrivent ainsi les auteurs dans le prestigieux journal scientifique Nature.

«Ils ont identifié ce gène-là qui semble être quand même augmenté de façon significative chez les patients avec maladies inflammatoires, a complété le docteur Bessissow. Ça augmente l'inflammation en activant les macrophages.»

Aucun médicament ne cible directement le gène ETS2, mais des médicaments contre le cancer appelés 'inhibiteurs de MEK' ont démontré, en laboratoire, qu'ils peuvent en atténuer l'activité, entraînant une réduction de l'inflammation.

Les chercheurs tentent maintenant de modifier ce médicament pour qu'il cible uniquement les macrophages.

«On ne sait pas quel sera l'effet chez l'humain des solutions proposées, a souligné le docteur Battat, qui rappelle que c'est seulement depuis une dizaine d'années que des progrès ont été réalisés dans le traitement de ces maladies. Nous n'avons pas ces données-là.»

D'autant plus, poursuit-il, que les inhibiteurs de MEK entraînent des effets secondaires qui rendraient impensable leur utilisation à long terme chez des patients atteints d'une maladie chronique.

Reste effectivement maintenant à voir quel sera l'impact réel de cette découverte, a confirmé le docteur Bessissow. Les chercheurs disposent à tout le moins maintenant d'une cible bien spécifique dans le traitement de ces maladies, ce qui devrait réduire considérablement l'approche «essai-erreur» qui demeure pour le moment incontournable.

«Ça ne va pas guérir tout le monde, a-t-il prévenu. Ça va peut-être aider à contrôler la maladie et puis à (...) donner une bonne qualité de vie aux patients. Mais ce n'est pas comme quand vous avez une infection, on vous donne des antibiotiques et c'est réglé, vous n'avez plus besoin de médicaments. Ça reste une maladie chronique pour laquelle on va avoir besoin de traitements à long terme.»

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne