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Favoritisme au ministère de l'Éducation: le Protecteur du citoyen ne s'excusera pas

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1 décembre 2022
La Presse Canadienne, 2022
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2022

Le Protecteur du citoyen, Marc-André Dowd, ne voit pas pourquoi il offrirait des excuses à l’ex-ministre libéral de l’Éducation Sébastien Proulx, qui était visé dans un récent rapport lui reprochant, sans l’identifier lui ou son ministère, d’avoir utilisé son pouvoir discrétionnaire pour favoriser certains organismes dans l’octroi de subventions.

Le Protecteur a été appelé à donner des explications sur ce récent rapport d’enquête, jeudi, alors qu’il présentait le rapport annuel d’activités de son bureau.

M. Dowd a fait valoir, notamment, que le rapport en question était anonymisé et qu’il n’avait en aucun cas voulu identifier le ministère de l’Éducation ou le ministre Proulx. D’autre part, il a souligné que son bureau n’avait tiré aucune conclusion défavorable à l’endroit de l’ex-ministre ou de qui que ce soit, mais que c’était plutôt l’interaction entre le politique et l’administratif qui avait posé problème dans ce dossier.

Prison pour femmes: il est temps d'agir

Quant au volumineux rapport annuel lui-même, la section portant sur les services correctionnels est particulièrement sévère face à l’inaction de Québec pour corriger la situation déplorable des femmes incarcérées à la prison Leclerc de Laval, dont la vétusté est reconnue depuis longtemps. 

Après avoir soulevé le problème à répétition dans le passé, le Protecteur du citoyen recommande cette fois formellement au ministère de la Sécurité publique «de s’engager, par une décision ferme, à construire un nouvel établissement de détention dans les meilleurs délais possibles».

Manque criant de ressources en santé mentale

Dans le secteur de la santé, il souligne au premier chef «les manquements criants» en matière de santé mentale qui reviennent constamment, notant que «le manque de ressources mène à des coupures de services cruelles qui vont à l’encontre des politiques garantissant l’accès à ces ressources». Du même souffle, il s’inquiète de la rareté des places de répit pour les proches aidants.

Parlant de manque de ressources, il déplore vivement que les instances régionales que sont les CISSS et les CIUSSS aient peur de discipliner des exploitants de ressources d’hébergement pour aînés «vu le manque de résidences pour satisfaire à la demande».

Des organismes pingres

En matière d’administration publique, il pointe encore du doigt la Direction générale de l’indemnisation des victimes d’actes criminels pour sa propension à appliquer de manière restrictive les règles  d’attribution d’aide financière, «privant des victimes d’un soutien essentiel à leur rétablissement». Le même genre de constat vise Retraite Québec, qui a «refusé une rente de conjoint survivant à une personne qui y avait droit, et ce, selon des pratiques dénuées de rigueur».

Il ne se gêne pas non plus pour s’en prendre à la CNESST qui a jugé que le harcèlement dont se disait victime une femme autochtone dans son milieu de travail était «des blagues acceptables dans les circonstances», décision que le Protecteur a fait modifier après enquête. 

Des cas d'intégrité élastique

Enfin, outre le dossier du ministère de l’Éducation mentionné plus haut, la section sur l’intégrité publique du rapport annuel pointe du doigt les excès d’un professeur d’université qui utilisait sa position professionnelle pour favoriser son entreprise personnelle dans l’octroi de contrats, qui exploitait son entreprise durant ses heures de travail et utilisait les installations de l’université au profit de cette entreprise. Dans un autre dossier, le directeur d’une société d’État a favorisé sa conjointe dans l’octroi de contrats de gré à gré. 

Également, une enquête dans un CISSS lui a permis de constater qu’un professionnel de la santé se présentait dans un établissement quotidiennement pour en ressortir aussitôt, afin de recevoir des allocations quotidiennes sans y avoir droit, et ce, depuis plusieurs années. «Ce professionnel avait donc réclamé indûment des centaines de milliers de dollars», peut-on y lire.

Dans tous les cas, les manquements sont anonymisés car ils ont été signalés par des lanceurs d'alerte à l'interne dont l'identité, ainsi que celle des témoins aux enquêtes, est protégée par la Loi facilitant la divulgation d’actes répréhensibles à l’égard des organismes publics. 

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne