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La Chine accuse le Canada de salir sa réputation avec les postes de police

durée 10h17
10 mars 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Par La Presse Canadienne, 2023

PÉKIN, Chine — La Chine a accusé vendredi le Canada de salir sa réputation en raison d'allégations selon lesquelles le pays exploite secrètement deux postes de police à l'étranger au Québec.

Lors d'un point de presse, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, a déclaré que le Canada devrait «cesser de faire du sensationnalisme et du battage médiatique sur la question et arrêter les attaques et les calomnies contre la Chine».

Elle a ajouté que cette dernière avait «strictement respecté le droit international et la souveraineté judiciaire de tous les pays».

Le porte-parole n'a pas commenté l'existence des postes de police et n'a pas précisé si ceux-ci étaient gérés par les autorités gouvernementales chinoises.

Le sergent Charles Poirier, de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), a déclaré jeudi que des Canadiens d'origine chinoise avaient été victimes d'activités menées par les stations. Il a souligné que le Canada ne tolérera «aucune forme d’intimidation, de harcèlement ou de ciblage préjudiciable à l’endroit de communautés ou de personnes en diaspora au Canada», ajoutant que l'équipe intégrée de la sécurité nationale de la GRC avait ouvert des enquêtes sur les postes de police présumés de Montréal et de Brossard.

L'organisation espagnole de défense des droits de l'homme Safeguard Defenders soutient que la Chine possède des dizaines de stations de ce type à travers le monde, dont trois dans la région du Grand Toronto.

Dans un rapport publié en septembre dernier, il avait déclaré que les stations étaient utilisées pour «harceler, menacer, intimider et forcer des cibles à retourner en Chine pour y être persécutées».

Inquiétudes collectives

Le ministère chinois des Affaires étrangères avait précédemment décrit ces postes étrangers comme des postes de service pour les Chinois qui se trouvent à l'étranger et qui ont besoin d'aide avec des tâches bureaucratiques, par exemple le renouvellement de leur permis de conduire chinois. Ces services aux citoyens sont normalement assurés par une ambassade ou un consulat.

Pékin a lancé deux campagnes pour ramener en Chine les suspects recherchés, en majorité pour crimes économiques, mais a assuré que ses agents à l'étranger agissent conformément au droit international. Les autorités américaines ont précisé que cela n'avait pas toujours été le cas.

Les postes de police ont alimenté les inquiétudes mondiales selon lesquelles le Parti communiste chinois cherche à contrôler ses citoyens à l'étranger, souvent en utilisant des menaces contre leurs familles et leur sécurité. Ces méthodes leur permettraient aussi de saper les institutions démocratiques des autres nations tout en recueillant des renseignements économiques et politiques.

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a indiqué jeudi que les préoccupations concernant l'ingérence étrangère étaient à l'origine du refus du Canada de délivrer un visa diplomatique à un agent politique pour la Chine, l'automne dernier.

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a déclaré que la présence de postes de police chinois au Canada était une source de préoccupation pour le gouvernement fédéral.

«Nous sommes au courant de la (présence de) postes de police chinois à travers le pays depuis plusieurs mois, et nous nous assurons que la GRC effectue un suivi et que nos services de renseignement prennent la situation au sérieux», a-t-il indiqué aux journalistes à Ottawa.

Les relations sinocanadiennes ont fortement été altérées, en 2018, après que la Chine eut emprisonné deux Canadiens sur de présumées fausses accusations. Cet événement s'était déroulé peu de temps après que le Canada eut arrêté Meng Wanzhou, directrice financière du géant de la technologie Huawei et fille du fondateur de la société, sur une demande d'extradition des États-Unis.

Les deux Canadiens avaient été renvoyés au Canada en 2021, le même jour que Mme Meng était retournée en Chine après avoir conclu, dans son cas, un accord avec les autorités américaines.

La Presse Canadienne