La ministre Anand s'entretient avec la juge canadienne sanctionnée de la CPI


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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, s'est entretenue mardi avec la juge canadienne faisant l'objet de sanctions américaines en raison de son travail au sein d'un tribunal international, mais n'a pas publiquement condamné la décision de Washington.
Le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a annoncé le 20 août des sanctions contre des juges de la Cour pénale internationale (CPI), dont Kimberly Prost, sanctionnée pour son travail dans une affaire impliquant des troupes américaines en Afghanistan.
La France a immédiatement condamné cette décision, la qualifiant d'atteinte à l'impartialité de la justice. Ottawa n'a pas réagi immédiatement, ce qui a suscité des critiques de la part des défenseurs des droits de la personne une semaine plus tard.
La ministre Anand a écrit mardi sur les médias sociaux qu'elle s'était entretenue avec Mme Prost et a déclaré que les juges de la CPI accomplissaient un «travail essentiel».
Les juges «ont la responsabilité d'être objectifs et impartiaux dans l'exercice de leurs fonctions. J'ai entièrement confiance dans la capacité de la juge Prost de l'avoir fait et de continuer à le faire», a-t-elle écrit.
Sa déclaration ne contenait aucune critique à l'encontre des États-Unis pour les sanctions prises contre Mme Prost.
Le cabinet de Mme Anand a indiqué la semaine dernière avoir exprimé ses inquiétudes quant à la décision de sanctionner la juge Prost lors de sa rencontre avec M. Rubio à Washington, le lendemain de l'annonce de cette mesure.
L'ancien ministre des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy, avait souligné le mois dernier que le gouvernement Carney «abandonnait» la Cour pénale internationale qu'il a contribué à fonder et manifestait un soutien conditionnel à l'ordre international fondé sur des règles dont il parle constamment.
Il a ajouté que la décision d'Ottawa de ne pas s'opposer publiquement aux sanctions suggérait que les fonctionnaires dont le travail irrite les États-Unis pourraient en subir les conséquences personnelles.
Mark Kersten, professeur à l'Université Fraser Valley et spécialiste de la CPI, a appelé Ottawa à mettre en œuvre une ordonnance de blocage interdisant aux entreprises canadiennes d'appliquer les sanctions américaines susceptibles de limiter l'accès de la juge Prost à des secteurs comme les banques et les compagnies aériennes.
Il a précisé que la déclaration de la ministre Anand mardi était tardive et aurait dû en dire davantage.
«Le Canada doit dénoncer ceux qui menacent nos juges et nos diplomates et être clair sur la manière dont nous les protégerons», a-t-il répondu au message d'Anand sur la plateforme X.
Il a ajouté que cette déclaration «prétend étrangement que les attaques contre la CPI et la juge Prost n'existent pas, ou ne proviennent pas du régime du Sud».
Dylan Robertson, La Presse Canadienne