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La seule fonctionnaire élue aux élections fédérales comptera sur son expérience

durée 18h19
11 août 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Parmi les nombreux fonctionnaires fédéraux qui se sont présentés aux dernières élections fédérales, une seule a été élue: Caroline Desrochers, députée libérale de Trois-Rivières, en Mauricie.

Originaire de Montréal, Mme Desrochers a travaillé à Affaires mondiales Canada pendant près de 25 ans. Sa première affectation a été en Haïti. Elle a ensuite travaillé pendant une dizaine d’années sur les relations canado-américaines et a été affectée à New York pendant le premier mandat du président américain Donald Trump.

Pendant cette période, elle a travaillé sur la première série de droits de douane et sur la renégociation du pacte commercial nord-américain.

«J’ai toujours su qu’un jour je voudrais faire cela», a expliqué Mme Desrochers à propos de son entrée en politique, ajoutant qu’elle souhaitait faire un travail plus proche des gens.

«Pour moi, il était important d’avoir une solide expérience pour venir faire ce genre de travail.»

Mme Desrochers s’est présentée sous la bannière libérale dans la circonscription de La Prairie en 2021, mais a été défaite par le candidat du Bloc québécois, Alain Therrien.

Mme Desrochers a déclaré que son expérience auprès des Américains concernant les droits de douane sur l'acier et l'aluminium, ainsi que ses relations avec le Congrès américain, sera précieuse en cette période cruciale.

Elle a également indiqué qu'elle souhaitait travailler sur les enjeux liés au développement économique et à l'industrie, soulignant la présence d'un port fédéral et d'une importante industrie de l'acier et de l'aluminium dans sa nouvelle circonscription.

C'est la première fois que la circonscription de Trois-Rivières est représentée par un libéral depuis les années 1980. Elle a récemment été représentée par des députés conservateurs, bloquistes et néo-démocrates.

L'impartialité de la fonction publique

La Commission de la fonction publique du Canada a autorisé 54 fonctionnaires fédéraux à se présenter aux récentes élections fédérales.

Les fonctionnaires fédéraux qui souhaitent se présenter aux élections fédérales, provinciales, territoriales ou municipales doivent obtenir une autorisation, a expliqué un porte-parole de la Commission.

Avant que cette autorisation puisse être accordée, la Commission doit être convaincue qu'il n'y a aucun risque pour l'impartialité politique de la fonction publique.

Plus de fonctionnaires fédéraux ont manifesté leur intérêt à se présenter aux récentes élections que les années précédentes.

La commission a reçu des demandes de 65 fonctionnaires souhaitant se présenter aux élections de 2025; 11 ont ensuite retiré leur demande.

La commission a reçu 29 demandes de fonctionnaires souhaitant se présenter aux élections de 2021, et 44 en 2019.

Elle a accordé 38 demandes en 2015 et 12 en 2011, mais affirme ne pas disposer de données sur le nombre total de demandes déposées au cours de ces années.

Bien qu'elle soit désireuse de travailler sur les questions économiques et le logement – elle est maintenant secrétaire parlementaire du ministre du Logement et de l'Infrastructure –, Mme Desrochers souhaite également participer aux discussions en cours sur la modernisation de la fonction publique.

La danse complexe des compressions

Alors que le premier ministre Mark Carney avait promis, pendant la campagne électorale, de plafonner, et non de réduire, la taille de la fonction publique, la plupart des ministères et organismes ont depuis été invités à réduire leurs dépenses de programme jusqu'à 15 % d'ici 2028-2029.

Un rapport récent du Centre canadien de politiques alternatives indique que la fonction publique pourrait perdre près de 60 000 emplois au cours des quatre prochaines années, Ottawa cherchant à réduire ses dépenses.

Mme Desrochers, qui a travaillé à la transformation d'Affaires mondiales Canada avant les élections, estime que la fonction publique doit être réduite pour la rendre plus efficace. Elle a affirmé que la complexité des processus et la multiplicité des niveaux bureaucratiques ralentissent le travail du gouvernement.

«Nous devons cela à la population canadienne, d'être plus efficaces dans notre façon de faire les choses», a-t-elle soutenu.

Réduire la taille de la fonction publique sera une «danse» et nécessitera une «certaine coordination», a-t-elle indiqué, car les personnes qui prennent leur retraite ou quittent leur emploi pour d'autres postes pourraient ne pas travailler là où les compressions sont les plus nécessaires.

La députée de Trois-Rivières a également indiqué que le ratio cadres/non-cadres est «assez élevé» dans certains ministères et que le plan semble être de réduire également ce secteur.

Le gouvernement Carney a créé un nouveau comité ministériel chargé de la transformation du gouvernement. Mme Desrochers a entamé des discussions avec ses collègues de ce comité.

«Il est important que nous fassions les choses correctement, a-t-elle déclaré. J’espère que ce sera une discussion constructive avec la fonction publique.»

Elle a ajouté qu’une «discussion» aura également lieu si certains ministères ne parviennent pas à atteindre leurs objectifs sans réduire les biens et services essentiels. Selon elle, certains ministères pourraient être en mesure de procéder à des coupes plus importantes que d’autres, ce qui pourrait permettre à d’autres ministères de procéder à des coupes plus modestes.

«Maisons Canada»

Mme Desrochers a indiqué que sa principale priorité à la rentrée parlementaire sera le logement, en particulier pour les étudiants.

Elle a précisé qu’elle travaille également sur la nouvelle initiative «Maisons Canada» promise par les libéraux pendant la campagne électorale.

Le gouvernement étudie les options pour «Maisons Canada», qui pourrait devenir un organisme distinct ou une unité au sein de Logement, Infrastructure et Collectivités Canada, a-t-elle indiqué.

«Nous allons commencer à travailler dès maintenant avec ce que nous avons déjà, avec les programmes existants, puis nous déterminerons la meilleure façon de gérer le tout. Notre objectif est de ne pas créer davantage de bureaucratie et d'approbations», a-t-elle déclaré.

«C'est la raison pour laquelle on fait de la politique (…) pour travailler sur quelque chose qui aura un impact sur les gens. Et donc, je pense que c'est vraiment formidable d'avoir le privilège de travailler sur ce projet.»

Catherine Morrison, La Presse Canadienne