Les feux de forêt ont nui au secteur du tourisme au Canada cet été


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Par La Presse Canadienne, 2025
CALGARY — Jasper, en Alberta, accueille moins de touristes que d'habitude cette année, mais ce n'est pas faute de personnes désireuses de visiter cette pittoresque ville des Rocheuses.
Les chiffres sont à peu près au meilleur de leur forme, sachant qu'environ un cinquième des hébergements de la ville a été détruit par un violent incendie de forêt l'été dernier, a déclaré Tyler Riopel, PDG de Tourisme Jasper.
«Il y a à peu près autant de visiteurs à Jasper cet été que nous avons d'hébergements, donc c'est une victoire», a-t-il affirmé.
«Nous constatons une baisse globale du nombre réel de visiteurs de 16 à 20 %, et ce chiffre est entièrement attribuable à la perte d'hébergements à toit fixe et de terrains de camping.»
Les places disponibles sont presque toutes occupées, a indiqué M. Riopel, ajoutant que la pénurie devrait perdurer jusqu'à l'été prochain, puisque la reconstruction de la ville se poursuit.
Les visiteurs semblent dépenser moins lorsqu'ils sont en ville, dans les boutiques et les attractions, mais M. Riopel ne sait pas si cette tendance est généralisée.
Il y a encore beaucoup à faire dans le parc national, a-t-il souligné. Cela comprend plus de mille kilomètres de sentiers de randonnée, du rafting en eau vive, la télécabine SkyTram, le terrain de golf et des croisières sur les eaux turquoise du lac Maligne.
«Jasper est un endroit fascinant en ce moment. Parcs Canada a travaillé très fort pour s'assurer que quelques forêts touchées par les incendies soient accessibles à pied», a affirmé M. Riopel.
Bien que l'été soit la haute saison touristique à Jasper, M. Riopel a déclaré que l'hiver sera également important, car les gens viendront pour le ski et d'autres activités hivernales.
Plusieurs provinces touchées
Alors que la reprise économique de Jasper se poursuit, les exploitants touristiques touchés par les incendies de forêt ailleurs cette année sont en difficulté.
Le nord de la Saskatchewan et le nord du Manitoba ont été particulièrement affectés, ce qui a eu des répercussions sur les pourvoiries qui s'adressent aux chasseurs et aux pêcheurs.
Roy Anderson, PDG par intérim de la Commission des pourvoyeurs professionnels de la Saskatchewan, a indiqué que son groupe interrogeait ses membres afin de quantifier l'impact financier.
«On parle de millions de dollars de pertes de revenus, au minimum», a-t-il rapporté.
De nombreuses entreprises servent un petit nombre de clients réguliers – principalement des Américains – prêts à dépenser des fortunes pour chasser le gros gibier. Ces clients réservent longtemps à l'avance, ce qui oblige les exploitants à acheter des fournitures et à recruter du personnel à l'avance, ce qui laisse peu de marge de manœuvre en cas de perturbations imprévues.
Au début du printemps, M. Anderson a affirmé que les inquiétudes portaient principalement sur les tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis et leurs répercussions sur le tourisme transfrontalier.
«L'impact n'a peut-être pas été aussi important que prévu, a-t-il indiqué. Et puis, nous sommes entrés directement dans la réalité des feux de forêt.»
Les incendies à proximité d'un camp ou d'une zone de chasse nécessiteraient bien sûr l'annulation des excursions pour des raisons de sécurité. Toutefois, même dans les zones non touchées, les fermetures d'autoroutes, les perturbations du trafic aérien et les interdictions de circulation des véhicules tout-terrain ont eu des conséquences importantes, a précisé M. Anderson.
Il appelle à une discussion avec les représentants du gouvernement sur la manière de gérer plus proactivement la menace d'incendie à l'avenir.
«Nous savons que cette année pourrait être unique, mais elle pourrait ne pas l'être», a-t-il soutenu.
M. Anderson a indiqué que le gouvernement pourrait reconsidérer la portée des interdictions de véhicules tout-terrain, en accordant peut-être des dérogations aux exploitants commerciaux ou dans certaines zones. Les étincelles qui se dégagent des véhicules peuvent déclencher des incendies lorsqu'une forêt est extrêmement sèche.
Tourisme Saskatchewan en évalue encore l'impact.
«À titre indicatif, certains exploitants ont subi des pertes, tandis que la plupart sont restés pleinement ouverts. Outre les incendies eux-mêmes, les alertes d'évacuation et les fermetures d'autoroutes ont contribué aux perturbations, notamment aux annulations et à la réduction du trafic touristique dans certaines régions», a déclaré Alexa Lawlor, porte-parole de l'agence provinciale, dans un courriel.
«De nombreux établissements d'hébergement ont œuvré pour fournir un abri d'urgence aux personnes évacuées et aux pompiers, et nous sommes profondément reconnaissants de leur contribution.»
Des impacts sur le tourisme autochtone
L'Association touristique autochtone du Canada a appris de ses membres que l'été a été particulièrement difficile, a indiqué Keith Henry, directeur général de l'organisation.
Les effets se sont fait sentir partout au pays. Certains visiteurs ont annulé leur visite pour éviter que la fumée des feux de forêt ne gâche leur expérience. La fermeture complète des zones sauvages du Canada atlantique a entraîné une chute brutale des activités commerciales.
Les exploitants du nord du Manitoba «s'attendaient à une année vraiment exceptionnelle», a déclaré M. Henry. Toutefois, «leur activité a chuté de 30 %», a-t-il souligné.
Les feux de forêt n'ont cependant pas été le seul défi. Les interruptions de travail chez Air Canada ont également incité des touristes potentiels à reporter leurs voyages.
Le tourisme est un moteur économique majeur pour les communautés autochtones, a ajouté M. Henry.
«Le tourisme autochtone est bien plus qu'une question d'économie. C'est une revitalisation culturelle, c'est de l'emploi local, il aide les familles et les artistes», a déclaré M. Henry.
«Nous ne voulons pas perdre confiance en ce que nous essayons de construire et en ce que nous construisons depuis de nombreuses décennies. Nous allons continuer à travailler d'arrache-pied pour assurer sa survie et son épanouissement.»
«Il nous faut simplement trouver comment nous adapter à ces facteurs externes qui semblent avoir de tels impacts en aval sur nous.»
Lauren Krugel, La Presse Canadienne