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Nouvel espoir face au myélome multiple

durée 07h00
10 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Deux nouvelles études offrent une lueur d'espoir aux patients atteints d'un myélome multiple, une forme particulièrement impitoyable de cancer du sang, a appris en primeur La Presse Canadienne.

La première étude a montré que le traitement d'immunothérapie Carvykti a permis au tiers des patients atteints de myélome multiple en rechute ou réfractaire d'atteindre une survie sans progression de cinq ans ou plus après une seule perfusion.

La deuxième étude a révélé une amélioration de la survie sans progression et de la survie globale lorsqu'on intervient lors d'un stade plus précoce de la maladie.

«On prend les cellules immunitaires du patient (...) et on leur apprend comment se défendre contre le myélome multiple, a expliqué le docteur Michel Pavic, qui est hématologue au CIUSSS de Sherbrooke. Ensuite, on les réinjecte au patient de telle manière à ce que le patient, avec ses propres lymphocytes devenus intelligents, puisse combattre le cancer. C'est vraiment quelque chose de très sophistiqué et de compliqué à faire, mais c'est très efficace.»

Le myélome multiple est le deuxième cancer du sang le plus fréquent au Canada, avec une dizaine nouveaux diagnostics chaque jour. Il s'agit d'une maladie pour le moment incurable et une période de cinq ans sans progression et sans traitement est rare.

La communauté médicale, a expliqué le docteur Pavic, n'avait pas grand-chose à offrir à ces patients jusqu'au milieu des années 1990, quand sont apparues sur le marché différentes molécules qui ont vu l'espérance de vie des patients passer de deux ans et demi, en moyenne, à une dizaine d'années aujourd'hui ― une augmentation «considérable», a-t-il estimé.

Cela étant dit, le cancer, pour le moment, finit toujours par gagner. Plus les traitements avancent, moins la réponse des patients est efficace, «et on se retrouve démuni à la fin et les patients finissent par décéder», a dit le docteur Pavic.

Avec le Carvykti, a-t-il ajouté, «on a pour la première fois une molécule qui arrive très tardivement dans notre arsenal thérapeutique».

Les patients qui ont participé à ces études «avaient reçu de trois à cinq lignes de traitement préalables, donc ce sont des patients lourdement pré-traités, réfractaires à plusieurs traitements», a rappelé le docteur Pavic.

«On arrive à avoir des taux de réponse spectaculaires de plus de 85 %, sur des durées très prolongées, s'est-il réjoui. La moitié des patients sont encore en vie après cinq ans, alors qu'historiquement, avec les traitements conventionnels, ces patients-là seraient tous décédés dans l'année qui suit, mais après cinq ans on a le tiers des patients qui n'ont même pas rechuté... c'est spectaculaire.»

Et quand on passe le cap des quatre ou cinq ans sans rechute, a ajouté le docteur Pavic, «on peut se demander si ces patients-là ne sont pas guéris».

Il faut maintenant étudier la meilleure stratégie à utiliser avec le Carvykti, a-t-il dit: continuer à l'utiliser comme dernière ligne de traitement, après de multiples interventions, ou l'administrer dès le début de la maladie?

Les Canadiens n'ont pour le moment pas accès au Carvykti en raison de différentes questions réglementaires. Le traitement a reçu un avis de conformité avec conditions (AC-C) de Santé Canada en février 2023, ainsi qu’un avis de conformité (AC) pour une deuxième indication en novembre 2024.

Plus de deux ans après la première approbation de Santé Canada, les négociations se poursuivent avec l’Alliance pharmaceutique pancanadienne, un organisme dont le mandat consiste notamment à «élargir l’accès à des traitements cliniquement pertinents et rentables» et à «proposer des médicaments à prix stables et à moindres coûts».

La facture s'élève pour l'instant à plusieurs centaines de milliers de dollars, même si une seule perfusion de Carvykti est nécessaire. De plus, a dit le docteur Pavic, ce n'est pas un traitement qu'on peut mettre entre les mains de n'importe quel médecin.

«C'est comme une bombe atomique qui arrive chez le patient, ça fait comme une tempête inflammatoire, (...) donc ça nécessite une expertise pour les premières semaines», a-t-il souligné.

On se retrouve donc face à une situation «extrêmement difficile» aussi bien pour les patients que pour les soignants, a conclu le docteur Pavic, «parce que tout le monde veut ce qu'il y a de mieux pour le patient».

«Quand tu as un patient qui sait qu'il va mourir dans l'année, et qu'il y a une thérapie qui, potentiellement, peut le guérir ou l'amener beaucoup, beaucoup plus loin, c'est sûr que c'est très difficile pour ces patients-là», a-t-il dit.

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Le docteur Pavic n'a pas été rémunéré pour s'adresser aux médias au nom du fabricant du Carvykti, le géant Johnson & Johnson.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne