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Points clés du rapport sur les abus sexuels de Jean Vanier, cofondateur de L’Arche

durée 20h50
30 janvier 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — L’Arche Internationale, une organisation caritative à but non lucratif qui vient en aide aux personnes ayant une déficience intellectuelle, a publié lundi un rapport identifiant 25 femmes ayant subi un acte sexuel ou un geste intime entre 1952 et 2019 impliquant le cofondateur du groupe, Jean Vanier.

Le rapport, rédigé par une commission d’universitaires français indépendants, affirme que les relations entre Jean Vanier, décédé en 2019, et les femmes «s’inscrivent toutes dans un continuum de confusion, d’emprise et d’abus».

Un précédent rapport rendu public en février 2020 concluait que Jean Vanier avait eu des relations sexuelles manipulatrices avec au moins six femmes en France entre 1975 et 1990 et avait utilisé son pouvoir pour en profiter. 

Voici quelques conclusions clés du rapport de 908 pages de lundi, qui a été commandé par L’Arche pour mieux comprendre les actions de Jean Vanier et du père Thomas Philippe, un prêtre catholique que Jean Vanier avait appelé son «père spirituel».

- De la fin des années 1960 aux années 2010, la posture régulièrement décrite est celle de Jean Vanier à genoux, tête posée sur la poitrine nue de la personne «accompagnée».

-  Les différents récits évoquent une gamme similaire d’attouchements, recouvrant en particulier des «baisers sur la bouche chaque fois plus appuyés, passionnels», «voluptueux, passionnés», et des caresses sur les zones érogènes des deux parties, particulièrement la poitrine féminine.

- Dans plusieurs cas, les attouchements ont progressé vers des actes d’agression sexuelle. La nudité partielle, l’absence de coït ainsi que la justification spirituelle de l’abus sexuel conduisent Jean Vanier à considérer qu’il s’agit là d’une pratique non sexuelle.

- Le rapport confirme ce que L’Arche a rendu public en 2020. Jean Vanier a adhéré aux théories «déviantes» de Thomas Philippe dès le début des années 1950. Cette relation avec Thomas Philippe, sa doctrine et les pratiques qui s’y rattachent sont des éléments structurants de la personnalité de Jean Vanier.

- Jusqu’à la fin de sa vie, Jean Vanier a caché la vraie nature de sa relation avec Thomas Philippe.

- La commission indique que le nombre de femmes ayant vécu ces expériences est susceptible d’être supérieur à 25.

- Vingt-cinq femmes adultes célibataires, mariées ou ayant prononcé des vœux religieux, sans handicap, ont été identifiées comme ayant vécu des situations impliquant des actes sexuels ou des gestes intimes à un moment donné de leur relation avec Jean Vanier entre 1952 et 2019. Si des personnes se présentent comme «victimes» ou «survivantes» d’une relation abusive, quelques-unes se sont présentées plutôt comme des partenaires consentantes d’une relation transgressive. Certaines de ces femmes sont décédées. Ces relations font toutes partie d’un continuum de confusion, d’emprise et d’abus.

- Le rapport décrit l’existence d’un noyau sectaire centré autour de Thomas Philippe comme à l’origine de l’histoire de L’Arche, formé par quelques personnes, dont Jean Vanier. Ce noyau sectaire formait «un microsystème au cœur de L’Arche». Il ne s’est pas propagé au-delà d’un petit cercle de quelques personnes dont les situations sont détaillées dans le rapport. La commission n’a identifié aucune preuve suggérant que ces abus ont proliféré au sein de L’Arche à partir de ce cercle.

- La commission se dit convaincue qu’aucune personne handicapée n’a été victime des actes abusifs de Jean Vanier.

- La commission n’a pas identifié d’individus (au-delà de ceux associés à ce microsystème) suffisamment informés pour être accusés d’avoir délibérément dissimulé ces faits. Des informations parcellaires semblent avoir circulé, parfois sous forme de rumeurs, sans qu’aucun mécanisme ne soit en place pour y donner un sens.

- L’Arche reconnaît sa responsabilité de ne pas avoir pu prévenir, identifier ou signaler ces abus, et par conséquent, de ne pas avoir pu y mettre un terme. L’Arche renouvelle ses excuses présentées en 2019 et demande sincèrement pardon aux victimes de ces situations d’abus.

La Presse Canadienne