Pour la période creuse de l'été, Héma-Québec appelle aux dons, surtout de plasma


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Seuls 3 % des adultes donnent des produits sanguins au Québec et l'organisation qui gère l'approvisionnement a besoin que ce taux augmente, plus particulièrement à l'approche de l'été, qui est toujours une saison creuse en termes de dons.
«Les dons en produits sanguins, que ce soit plasma, plaquettes ou sang, c'est important tout au long de l'année, mais on se rend compte que pendant la période de l'été, avec les vacances, il fait beau, parfois les gens oublient de prendre rendez-vous et d'aller faire leurs dons», explique Patrice Lavoie, directeur des relations publiques et du rayonnement chez Héma-Québec.
Certes plusieurs Québécois sont en vacances lors des semaines de la construction, mais le manque de dons se fait sentir tout au long de la période estivale, dit-il.
«On parle beaucoup de sang, c'est vraiment le type qui est le plus connu en matière de don, mais de plus en plus on se rend compte que le plasma [...] c'est vraiment là où on a des besoins encore plus criants, compte tenu de la demande mondiale, pas juste au Québec», soulève M. Lavoie.
Le plasma contient des protéines qui, sous forme de médicaments, sont indispensables au traitement de nombreuses maladies. Par ailleurs, les donneurs de plasma peuvent donner chaque six jours comparativement aux 56 jours pour le sang (pour les hommes; 84 jours pour les femmes).
Alain Gauthier, un ex-militaire qui a commencé à donner à l'âge de 18 ans, sait à quel point le plasma est un produit précieux. C'est ce qui a permis à son petit fils, Oli, atteint de leucémie myéloïde aiguë, de rester en vie le temps qu'on trouve un donneur compatible de moelle osseuse.
Heureusement, Oli est aujourd'hui en rémission. «Quand ça vient nous toucher directement dans la famille, ça fait quelque chose, témoigne le grand-père. Ça nous touche directement au cœur et c'est là qu'on réalise encore plus l'importance des dons de sang.»
M. Gauthier calcule avoir fait 168 dons au cours de sa vie. Il était un régulier des dons de sang, et depuis quelques mois, il s'est aussi mis aux dons de plasma. «C'est sûr que ça a servi et c'est pour ça que je vais continuer à donner tant que je peux, tant qu'ils ne m'arrêteront pas ou que je ne serai pas trop vieux. Présentement, je donne aux deux semaines une plasmo-plaquette», raconte-t-il.
Assouplissements pour plus de dons
La semaine nationale du don de sang se déroule du 9 au 15 juin. Héma-Québec rappelle que chaque jour 1000 dons de sang sont nécessaires pour répondre aux besoins des hôpitaux à travers le Québec.
Au cours des dernières années, Héma-Québec a mis en place certaines mesures pour encourager les dons. Depuis décembre 2023, l'organisme a levé l'interdiction de donner du sang pour les personnes ayant séjourné en France, au Royaume-Uni et en Europe de l’Ouest dans les années 1980 et 1990. Cette restriction était auparavant liée au critère de Creutzfeltz-Jakob (maladie de la vache folle).
Héma-Québec a aussi révisé son questionnaire pour que les questions qu'il comporte sur les comportements sexuels à risque incluent tous types d'orientations sexuelles confondus, ce qui a permis à une grande partie de la communauté homosexuelle de pouvoir donner, ce qui n'était pas le cas auparavant.
Les heures d'ouverture des centres de dons situés dans le Grand Montréal ont par ailleurs été prolongées récemment, et déjà, Héma-Québec note un bel engouement de la population pour ces plages horaires.
De plus, un nouveau centre de dons devrait voir le jour en 2026 à Lévis et à compter de 2027, la multinationale espagnole Grifols commencera à produire des médicaments dans une usine de fractionnement à Montréal, notamment des produits du plasma comme l'immunoglobuline intraveineuse.
«ll y a différentes stratégies comme ça qui vont voir le jour au cours des prochaines années justement pour favoriser l'approvisionnement en plasma au Québec», indique M. Lavoie.
Il précise que présentement le Québec répond à environ 35 % des besoins avec son propre plasma, le reste provenant surtout des États-Unis. Héma-Québec vise à porter ce taux à 42 % en 2027. «On est autosuffisant pour le sang, les plaquettes et pour d'autres types de produits, notamment le lait maternel. Mais pour ce qui est du plasma, il y a peu de pays dans le monde qui peuvent se targuer d'être autosuffisants justement parce que les besoins sont vraiment en croissance partout dans le monde», explique M. Lavoie.
Les États-Unis sont le seul pays qui a présentement plus de plasma que ses besoins, dit-il.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne