Steven Guilbeault: «ce règlement permettra de sauver des vies»

Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — En démissionnant du cabinet Carney jeudi, le député Steven Guilbeault a écrit une lettre de trois pages dans laquelle il indique notamment que le Règlement sur l’électricité propre, auquel l’Alberta n’aura plus besoin de se soumettre, a le potentiel de sauver des vies. C’est également l’avis d’une association de médecins.
Ce n’est pas tous les jours qu’un ministre claque la porte d’un gouvernement en soulignant qu’un règlement qu’il s’apprête à saborder dans une province permettrait de sauver des vies humaines.
«Je m’aligne avec lui à 100 %», a réagi la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, en citant les données de Santé Canada qui estime que la pollution atmosphérique, provoquée en partie par les combustibles fossiles, cause plus de 17 000 décès prématurés chaque année.
Dans la lettre de démission qu’il a publiée jeudi, Steven Guilbeault écrit que «la proposition de soustraire l’Alberta à l’application du Règlement sur l’électricité propre, en échange des règles sur la tarification carbone industrielle et de la réalisation du projet Pathways, constitue à mes yeux une grave erreur» et il souligne que «ce règlement permettra de sauver des vies en réduisant la pollution de l’air».
Steven Guilbeault a «absolument raison de rappeler que ce règlement peut protéger la santé. Il est temps que l’on voie ces types de règlements comme des mesures de santé et non comme des mesures de restrictions économiques», a fait valoir la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers en rappelant que «dans les dernières années, on a eu une panoplie d'études qui démontrent qu'on a sous-estimé les risques sanitaires attribuables à la pollution atmosphérique».
La pollution atmosphérique est «nocive pour à peu près tous les organes du corps et certaines études attribuent le fardeau de la pollution atmosphérique aux maladies cardiovasculaires à 20 %», a expliqué la Dre Pétrin-Desrosiers, qui est présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement.
La médecin a nommé une panoplie d’autres maladies liées à la pollution atmosphérique: «On parle de maladies pulmonaires, mais on a aussi des données sur la démence prématurée, des maladies rénales, des maladies de peau, des enjeux de fertilité, des enjeux sur la croissance des fœtus et donc sur l'augmentation du risque de complications à la période périnatale et on parle d'enjeux endocriniens métaboliques, d'obésité, des enjeux de fonction thyroïdienne, la liste est excessivement longue et de mieux en mieux documentée».
Un plan qui visait à décarboner le réseau électrique
La dernière version du Règlement sur l’électricité propre, annoncé par Steven Guilbeault en décembre 2024, visait à limiter au maximum l’utilisation de combustible fossile dans la production d’électricité au pays et prévoyait que le Canada décarbone complètement son électricité d’ici 2050.
Le réseau électrique du pays est déjà largement «propre», 85 % de l’approvisionnement en électricité du Canada provenant de sources non émettrices. Mais quatre provinces – l’Alberta, la Saskatchewan, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick – dépendent encore du gaz naturel et dans certains cas, du charbon, pour fournir entre 30 et 85 % de leur électricité.
Dans sa lettre de démission, Steven Guilbeault fait également référence aux coûts sociosanitaires de l’utilisation de combustible fossile dans la production d’électricité.
Le Règlement sur l’électricité propre, selon ce qu’a écrit l’ex-ministre, pourrait «générer plus de 3 milliards de dollars d’économie dans le système de santé».
La Presse Canadienne n’a pas été en mesure de parler à M. Guilbeault vendredi, mais un rapport publié par l’Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME) en avril dernier estime que le Règlement sur l’électricité propre à lui seul permettrait de réaliser des économies en matière de santé d’au moins 3 milliards $ d’ici 2050.
Le remplacement de centrales électriques qui brûlent des combustibles fossiles par des modes de production d’énergie renouvelable réduit la pollution de l’air et contribue évidemment à la lutte aux changements climatiques.
Le Règlement sur l’électricité propre a le potentiel de «réduire les émissions de gaz à effet de serre de 182 millions de tonnes», selon ce qu’a écrit l’ex-ministre dans sa lettre de démission.
Stéphane Blais, La Presse Canadienne