«Tout le monde a un talent caché»: une semaine pour briser les préjugés du handicap


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Avoir un handicap n'oblige pas de revoir à la baisse ses ambitions: c'est le message que veut faire passer l'un des porte-paroles de la Semaine québécoise des personnes handicapées, qui a été lancée dimanche.
Luca «Lazylegz» Patuelli est né avec l'arthrogrypose — une maladie qui provoque une raideur au niveau des articulations — ce qui ne l'a pas empêché de devenir danseur professionnel et de participer récemment à la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques de Paris.
Il va porter cette semaine le message de la 29e Semaine québécoise des personnes handicapées organisée par le gouvernement provincial: «Quand on voit la différence, on perd de vue le potentiel».
«On veut vraiment briser les préjugés et regarder la personne pour la personne en totalité et comprendre que tout le monde a un talent caché en eux», a-t-il expliqué.
Au Québec, 21 % de la population âgée de 15 ans et plus a une incapacité, selon l'Enquête canadienne sur l'incapacité de 2022. Certaines d'entre elles continuent toutefois de souffrir de préjugés.
«Ça arrive souvent aux personnes qui vivent avec des différences. On pense peut-être que les personnes ne sont pas capables, mais on n'a même pas donné une opportunité pour comprendre si elles sont capables ou non», a souligné Luca Patuelli.
Plusieurs événements seront organisés jusqu'au 7 juin pour sensibiliser au handicap, que ce soit des échanges avec des entreprises au sujet de l'embauche des personnes en situation de handicap ou encore des activités culturelles.
Luca Patuelli tiendra notamment un festival du 5 au 7 juin avec son organisme Pas d'excuses Pas de Limites en présentant à Montréal une pièce de théâtre et une compétition de danse.
Cette dernière sera ouverte à des personnes sans handicap qui devront danser avec des limitations, que ce soit un bandeau pour cacher leurs yeux ou encore des béquilles.
Avec une telle activité, le danseur professionnel espère faire comprendre que le handicap peut arriver n'importe quand dans une vie, que ce soit en raison de la maladie ou d'un accident, mais que l'on «n'a pas besoin de quitter nos carrières parce qu'on a un handicap».
«Pas le cœur à la fête»
Isabelle Tremblay, directrice générale de l'Alliance québécoise des regroupements régionaux pour l'intégration des personnes handicapées (AQRIPH), participe d'habitude à cette semaine organisée par Québec.
«C'est une belle semaine de promotion pour les régions, cela permet de mettre les personnes handicapées en avant-plan», a-t-elle partagé.
Mais cette année, Mme Tremblay, tout comme d'autres responsables d'organismes québécois qui viennent en aide aux personnes en situation de handicap, «n'a pas le cœur à la fête».
«Depuis l'automne dernier, on vit des situations extrêmement difficiles concernant les services et les programmes pour les personnes handicapées», a-t-elle indiqué.
Elle a notamment dénoncé les coupures vécues dans le soutien à domicile ou encore la remise en cause du principe de compensation équitable des incapacités, qui permet à ces personnes de ne pas avoir à payer pour pallier leur handicap.
«C'est un recul de 35 ans et nous, à l'AQRIPH, on trouve ça vraiment indécent, a-t-elle affirmé. Les citoyens handicapés sont des citoyens à part entière, il faut vraiment les considérer.»
Audrey Sanikopoulos, La Presse Canadienne