Un potentiel accord avec le Québec au cœur d'un débat à Terre-Neuve-et-Labrador


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Par La Presse Canadienne, 2025
ST. JOHN'S — Comment les Terre-Neuviens-et-Labradoriens peuvent-ils être certains que le nouvel accord énergétique proposé avec Hydro-Québec est une bonne affaire?
Cette question taraude les libéraux de la province depuis la révélation de l'accord de principe en décembre, et elle figurait parmi les principales questions du débat des chefs mercredi, en prévision des élections du 14 octobre.
Le chef libéral et premier ministre sortant, John Hogan, a insisté sur le fait que cet accord constitue «une occasion exceptionnelle pour cette province, une occasion jamais vue et que nous ne reverrons jamais».
«Cet accord va tout changer», a-t-il déclaré, après avoir suggéré qu'il pourrait servir à équilibrer le budget provincial au cours des cinq prochaines années.
M. Hogan a promis de soumettre tout accord final à l'Assemblée législative, où il permettrait aux députés libéraux de voter librement sur les accords dans suivre une ligne de parti.
Le chef progressiste-conservateur, Tony Wakeham, a déclaré qu'il veillerait à ce que les projets hydroélectriques décrits dans l'accord de principe soient réalisés. Il a toutefois précisé que tout accord qu'il négocierait serait examiné par un groupe d'experts indépendants avant d'être signé.
«Monsieur, vous hypothéquez l'avenir de Terre-Neuve-et-Labrador en vous précipitant pour signer une entente avec le Québec qui n'a manifestement pas fait l'objet d'un examen indépendant, a déclaré M. Wakeham au libéral. Je ne sais pas ce que vous cachez. Je ne comprends pas pourquoi vous avez peur.»
Ce fut l'un des rares moments de tension d'un débat par ailleurs discret, au cours duquel les chefs des trois partis politiques de la province ont répondu aux questions par des listes de promesses électorales.
Le chef du NPD, Jim Dinn, a critiqué ses concurrents pour n'avoir révélé leurs plateformes que quelques heures avant le début du débat. M. Dinn a dévoilé la plateforme de son parti le mois dernier, affirmant qu'il mettrait fin à des années de déficits provinciaux en réduisant drastiquement les dépenses consacrées aux subventions au secteur pétrolier, aux infirmières itinérantes et aux refuges privés.
Avec une dette nette approchant les 20 milliards $ pour une province d'environ 545 000 habitants, Terre-Neuve-et-Labrador affiche la dette provinciale par habitant la plus élevée du pays. La province dépensera plus d'un milliard de dollars au cours de cet exercice financier en intérêts et en obligations de remboursement.
M. Hogan a espoir que cette longue série de déficits prendra fin en quelques années.
«Je pense que, dans cinq ans, nous tracerons notre propre voie et nous ferons l'envie du Canada avec un budget équilibré et la fin des déficits», a-t-il déclaré lors de son discours de clôture.
«Je suis ici ce soir parce que je crois sincèrement que le rêve de Terre-Neuve-et-Labrador est à portée de main.»
Pour M. Hogan, ce rêve repose sur la poursuite des négociations avec le Québec, qui aboutiraient avec des accords d'environ 225 milliards $ sur les 50 prochaines années, selon les libéraux.
Le protocole d'entente obligerait Hydro-Québec à payer beaucoup plus cher l'électricité produite par la centrale de Churchill Falls, au Labrador, et à favoriser de nouveaux développements le long du fleuve Churchill. Il mettrait également fin 16 ans plus tôt que prévu à un contrat signé en 1969 qui permettait à Hydro-Québec d'acheter la majeure partie de l'électricité produite par Churchill Falls à des prix défiant toute concurrence.
L'entente a rapporté plus de 28 milliards $ de profits au Québec, contre seulement quelques milliards à Terre-Neuve-et-Labrador. Chez certains habitants de la province la plus à l'est du Canada, cette entente déséquilibrée a suscité une profonde méfiance envers le Québec.
Sarah Smellie, La Presse Canadienne