Une entreprise tente de se démarquer pour obtenir le contrat des sous-marins


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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — L'une des deux entreprises toujours en lice pour la construction de la prochaine flotte de sous-marins de la Marine royale canadienne mise sur plusieurs partenariats industriels et avantages économiques dans l'espoir de décrocher le contrat.
Hanwha Oceans, une entreprise sud-coréenne, propose plusieurs collaborations industrielles et technologiques qui pourraient inclure des investissements dans la production canadienne de batteries lithium-ion, le gaz naturel liquéfié, l'aérospatiale, l'acier, l'extraction de minéraux essentiels et les énergies renouvelables.
Bien que l'entreprise ne dévoile pas toutes les cartes dans son jeu, elle promet de fournir plus d'informations dans les semaines à venir et insiste sur le fait que les investissements seraient importants.
«Nous avons discuté de tout, de la coopération énergétique à la coopération en matière de batteries, en passant par d'autres domaines dans lesquels Hanwha est particulièrement forte», a soutenu le président de Hanwha Global Defense, Michael Coulter, en entrevue avec La Presse Canadienne.
Il a notamment fait mention des véhicules de combat d'infanterie et des obusiers.
«Nous savons que l'armée canadienne a besoin d'obusiers. L'offre a évolué au-delà des sous-marins, car ce que recherche le gouvernement canadien va au-delà des sous-marins. Il s'agit d'une véritable capacité industrielle au Canada.»
La société évoque une initiative d'«économie d'affinité» qui l'a amenée à ouvrir une usine de véhicules blindés en Australie il y a un an. L'entreprise affirme qu'environ 1000 employés y travaillent actuellement à la construction de véhicules de combat et d'obusiers automoteurs.
Elle cherche à mettre en place un projet similaire au Canada.
Hanwha propose de construire deux installations de «soutien» pour les sous-marins sur les deux côtes. Elle envisage également de créer une usine de fabrication au Canada pour construire des chars, des roquettes, des obusiers et des véhicules de ravitaillement.
«Un programme de sous-marins nécessite des décennies d'efforts pour assurer sa maintenance et son soutien», a rappelé M. Coulter.
Il a ajouté que Hanwha souhaitait que «tout le cycle de vie» des sous-marins — «le soutien, la maintenance, tout cela» — soit géré «au Canada par des Canadiens» pendant «les décennies à venir».
«C'est le cadre dans lequel nous réfléchissons actuellement en tant qu'entreprise», a-t-il déclaré.
La Corée du Sud veut sa part du gâteau
Hanwha a accueilli une délégation canadienne en début de semaine, dont faisait partie Stefanie Beck, sous-ministre de la Défense nationale. La délégation a visité le chantier naval de Geoje et a examiné de près le modèle de sous-marin que Hanwha présente comme la meilleure option pour le Canada.
Le premier ministre Mark Carney devrait visiter le chantier naval le mois prochain. Le 26 août, il a visité une installation à Kiel, en Allemagne, appartenant à l'autre soumissionnaire toujours dans la course.
Hanwha tente de vendre au Canada le KSS-III, son modèle de sous-marin à propulsion lithium-ion. La marine sud-coréenne en possède actuellement trois.
Hanwha, qui se présente comme le septième groupe commercial sud-coréen, poursuit une stratégie d'expansion mondiale. L'entreprise est régulièrement présente au salon annuel de la défense CANSEC à Ottawa.
La Corée du Sud souhaite vivement développer son industrie de défense nationale et s'efforce d'accroître ses exportations. Le pays est en état d'alerte depuis des décennies en raison de la menace que représente son voisin du nord, et cherche à réduire sa dépendance excessive vis-à-vis des États-Unis en matière de matériel de défense.
Le pays, qui était le huitième exportateur d'armes au monde en 2023, souhaite devenir le quatrième d'ici 2027, selon une étude interne de la Défense nationale obtenue grâce à la Loi sur l'accès à l'information.
Les quatre premiers exportateurs d'armes sont actuellement les États-Unis, la France, la Russie et la Chine.
TKMS mise sur l'interopérabilité
L'autre entreprise toujours en lice pour l'obtention du contrat est la société allemande ThyssenKrupp Marine Systems, ou TKMS.
Elle vante au Canada son expérience, ayant fourni environ 70 % de la flotte de sous-marins conventionnels de l'OTAN.
TKMS tente également de convaincre le Canada de l'interopérabilité avec ses alliés, le même argument utilisé par les partisans de l'achat par le Canada d'avions de combat américains F-35.
L'Allemagne et la Norvège ont commandé ensemble une douzaine de sous-marins 212 CD de TKMS, le modèle que l'entreprise tente de vendre au Canada.
Flotte à remplacer
Les quatre sous-marins de classe Victoria de la Marine royale canadienne seront hors service d'ici une décennie. Seul l'un d'entre eux est actuellement en état de marche.
Si le Canada signe un contrat l'année prochaine, Hanwha affirme pouvoir tirer parti de l'énorme capacité de son chantier naval — d'une superficie totale de cinq kilomètres carrés — pour construire quatre sous-marins KSS-III d'ici 2035, le premier devant être livré en 2032.
Elle assure être en mesure d'envoyer au Canada un nouveau sous-marin chaque année après la livraison des quatre premiers, ce qui permettrait à Ottawa de disposer d'une flotte complète de 12 sous-marins d'ici 2043.
L'entreprise avance que cela permettrait au Canada d'économiser un milliard de dollars en réparations en retirant prématurément les sous-marins Victoria. Hanwha estime que les 12 sous-marins coûteraient entre 20 et 24 milliards $, sans compter les infrastructures nécessaires à leur entretien.
TKMS affirme également pouvoir respecter le délai serré fixé par le Canada pour la livraison de son premier sous-marin en 2035.
Le gouvernement Carney avance rapidement dans le dossier des sous-marins. Il n'a annoncé l'appel d'offres qu'il y a un an et a déjà écarté la plupart des concurrents.
Le commandant de la Marine royale canadienne, le vice-amiral Angus Topshee, a même déjà laissé entendre qu'il était possible qu'Ottawa prenne une décision d'ici la fin de l'année concernant le fournisseur retenu.
Kyle Duggan, La Presse Canadienne