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Une fuite de résidus toxiques de sables bitumineux en Alberta soulève les critiques

durée 11h23
12 mars 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

2 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

EDMONTON — Les récentes fuites de résidus toxiques de mines de sables bitumineux du nord de l'Alberta ont révélé de graves lacunes dans la façon dont le Canada et l'Alberta protègent l'environnement, selon des experts.

Tous s'entendent pour dire qu'il est impensable que des fuites provenant des bassins de résidus de la mine de Kearl opérée par l'entreprise Pétrolière Impériale n'aient pas été signalées pendant neuf mois à Ottawa et à Edmonton, ainsi qu'aux personnes qui vivent à proximité.

«Nous n'avons jamais pris cette question au sérieux», déplore Martin Olszynski, professeur de droit à l'Université de Calgary et ancien avocat fédéral chargé de la réglementation des ressources naturelles. «Ils n'ont jamais pris ces risques et ces menaces au sérieux.»

Pétrolière Impériale a découvert des «boues brunes» près de l'un de ses bassins de résidus de Kearl en mai et il est devenu clair au cours de l'été que le problème était important.

«La plus grande leçon de cela est que la province exerce une surveillance et un contrôle sur les informations que le gouvernement fédéral reçoit», commente Mandy Olsgard, une toxicologue qui a travaillé sur des questions réglementaires pour l'Alberta Energy Regulator et des groupes autochtones.

Ottawa participe aux commissions d'examen qui évaluent les projets, puis laisse la suite des choses entre les mains de la province, selon elle.

L'Alberta, elle, confie la tâche à un organisme de réglementation que beaucoup considèrent comme trop proche de l'industrie qu'il est censé superviser.

«Cet organisme de réglementation a toujours pensé que sa relation était bilatérale, entre lui-même et l'industrie», sans grande considération pour le public, fait valoir Nigel Bankes, professeur à la retraite du droit des ressources naturelles à l'Université de Calgary.

Cette attitude est d'après lui omniprésente au sein du gouvernement albertain. «C'est une mentalité générale de ne pas jouer les trouble-fêtes, dit-il, cela imprègne le ministère de l'Énergie et cela imprègne le ministère de l'Environnement."

Une enquête menée en 2021 pour Environnement Alberta a révélé que plus de 85 % de la population de la province avaient peu confiance en la capacité de l'organisme à gouverner l'industrie du charbon.

Le ministre fédéral de l'Environnement, Steven Guilbeault, et son homologue albertaine, Sonya Savage, ont reconnu que les choses devaient changer.

«Nous devons trouver de meilleurs mécanismes», reconnaît M. Guilbeault.

Mais Marlin Schmidt, porte-parole du NPD albertain en matière d'environnement, est sceptique. Il soutient que la province et l'organisme de réglementation avaient déjà refusé de lui révéler la portée et le calendrier de l'enquête sur la fuite.

«Je pense qu'il est temps pour Environnement Canada de jouer un rôle beaucoup plus proactif dans la gestion des résidus», pense le professeur Olszynski.

Bob Weber, La Presse Canadienne