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Selon une étude de l'IEDM

Le Québec est la pire province en termes d'attente aux urgences

durée 09h00
3 juin 2025
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Par La Presse Canadienne

C'est au Québec que les patients attendent le plus longtemps aux urgences, confirme une nouvelle étude de l'IEDM qui a comparé depuis 2020 le temps d'attente dans les urgences des provinces canadiennes.

«La tendance, globalement, c'est qu'à travers le pays, les temps d'attente augmentent et nos systèmes de santé d'un bout à l'autre du pays sont en train de se désintégrer», résume Emmanuelle B. Faubert, économiste à l'Institut économique de Montréal (IEDM) et autrice du rapport.

Elle n'est pas surprise par ce qui se dégage de l'étude, puisque les données récoltées viennent confirmer le récit des patients qui disent attendre de longues heures à l'urgence. «On en entend parler. Les gens attendent longtemps, les personnes ont de la difficulté à avoir accès à des services. Donc, on le savait un peu de façon anecdotique, mais là vraiment, ces chiffres nous prouvent que notre perception est réalité», dit-elle.

Avec la collaboration de collègues, Mme Faubert a évalué la durée totale du séjour aux urgences, ce qui correspond au temps passé par un patient depuis son arrivée et son enregistrement jusqu’à son départ du service, qu’il ait obtenu son congé de l'hôpital ou qu’il ait été hospitalisé.

Le Québec arrive au dernier rang, loin derrière les autres provinces avec un temps médian de 5 heures et 23 minutes. Devant la Belle Province, on retrouve l'Île-du-Prince-Édouard avec un temps d'attente médian de 4 h 36, le Nouveau-Brunswick avec 4 h 28 et la Colombie-Britannique avec 4 h 13.

La première position revient à Terre-Neuve-et-Labrador, qui a une durée de séjour médiane de 2 h 45. Viennent ensuite l'Alberta avec 3 h 48 ainsi que l'Ontario et le Manitoba qui se partagent la troisième place du classement avec un temps de 4 heures. Les données de la Saskatchewan et de la Nouvelle-Écosse n'étaient pas disponibles pour cet indicateur.

«Il faut faire attention avec les comparaisons tout simplement parce que les méthodes, les mesures et aussi la façon dont les données sont comptabilisées par les différentes provinces peuvent varier et peuvent être légèrement différente. C'est pour ça que la comparaison doit être prise avec un grain de sel, mais reste que, qualité des données ou pas, le Québec reste assez en bas dans les classements», précise Mme Faubert.

Délais de prise en charge

Depuis 2020, les données montrent que les Canadiens passent de plus en plus de temps aux urgences. Au Québec, il s'agit d'une hausse d'environ une heure en cinq ans. «Ça peut sembler pas beaucoup, mais ce sont des centaines de milliers de personnes qui vont aux urgences. Donc une heure sur des centaines de milliers de personnes, ça fait beaucoup de temps de plus qui est passé dans les urgences», commente Mme Faubert.

Elle ajoute que les centres urbains, qui ont une grande densité de population, sont généralement les endroits où les délais d'attente sont les plus longs.

Les auteurs de l'étude ont aussi analysé les délais de prise en charge initiale par un médecin, c'est-à-dire le temps écoulé entre l’enregistrement du patient ou le triage et l'évaluation initiale par un médecin ou une infirmière praticienne.

Au Québec, le temps d'attente médian avant de voir un médecin aux urgences s'élève à 1 heure 51 minutes, ce qui est semblable à la plupart des provinces ayant fourni ces données. L'Île-du-Prince-Édouard sort du lot avec un délai médian de 2 heures 58 minutes.

La médiane est le point milieu, ce qui signifie que 50 % des patients vont attendre moins longtemps et 50 % vont attendre plus longtemps. La médiane est ainsi plus représentative du cas typique, et donc, de l'expérience qu'un patient va avoir en se présentant aux urgences, explique Mme Faubert. La moyenne risquerait d'être influencée par des cas extrêmes.

Des centres pour urgences mineures

Mme Faubert tente de rester optimiste pour l'avenir. «Espérons qu'à force d'avoir des réformes, on va trouver des moyens de changer les choses», lance-t-elle. L'économiste est encouragée par les projets de loi qui ont concédé plus de pouvoirs à certains professionnels de la santé, comme les infirmières et les pharmaciens.

«C'est une excellente idée parce qu'il y a beaucoup de gens qui se présentent aux urgences à cause du manque d'accès aux soins de première ligne. Des gens qui ont besoin d'un renouvellement de prescription, des gens qui ont quelque chose de mineur, mais parce qu'ils n'arrivent pas à avoir un rendez-vous avec un médecin de famille, [ils sont] obligés d'aller aux urgences», soulève Mme Faubert.

Pour continuer d'améliorer la situation au Québec, elle est d'avis que la province devrait s'inspirer des centres médicaux de soins immédiats, un récent modèle créé par des médecins en France. L'idée serait qu'un patient qui a une condition mineure puisse se rendre dans ces centres pour être traité plus rapidement et ainsi désengorger les urgences avec les cas moins prioritaires.

Mme Faubert donne l'exemple d'une personne qui a le bras cassé. «Tu ne peux pas aller voir un médecin de famille pour t'aider, mais si tu vas à l'urgence, tu vas attendre toute la journée, voir toute la nuit. C'est très long parce que c'est une urgence, mais relativement mineure. Donc ces centres médicaux de soins immédiats sont spécialisés dans ces urgences mineures, ce qui fait en sorte que ces patients, qui sont classés au Québec P4 et P5, n'ont pas besoin de se rendre aux urgences», explique-t-elle.

S'ils sont implantés au Québec, elle croit que ces centres devraient être privés, indépendants du réseau public, pour plus de flexibilité dans leur gestion. Les soins devraient être remboursés par le régime public d'assurance.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

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