Spécial 20e anniversaire de l'Océanic: Rencontre avec l'ancien entraîneur-chef et ex DG
Doris Labonté: Un homme entier et authentique
L’Océanic de Rimouski a 20 ans cette année et l’une des figures de proue de l’organisation à travers ces deux décennies est évidemment le coloré Doris Labonté. En 2000, il connaissait une véritable année de gloire en remportant d’abord la Coupe du Président et ensuite la Coupe Memorial. Une rencontre avec Doris Labonté, c’est une rencontre avec un homme de hockey très futé, mais avant tout avec un homme de qualité, humble et humain.
Le transfert des Lynx de St-Jean vers Rimouski a été officiellement adopté le 9 mai 1995. Dès lors, Doris Labonté, Marius Fortier, Éric Forest et Gaston Therrien se mettaient à la tâche pour implanter une équipe qui allait devenir celle de toute une région. «Au début disons que ça a été très difficile pour trouver des joueurs qui pouvaient nous donner une équipe compétitive. C’était encore plus complexe que de se retrouver avec une expansion. Par exemple, pour le premier camp d’entraînement, nous n’avions pas de glace disponible, donc il fallait se rendre à Trois-Pistoles, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus pratique. Mais je suis un homme très positif, donc j’ai toujours cru que ça allait finir par fonctionner» dit Doris avec énergie.
Rimouski, pas la porte d’à côté
«Plusieurs personnes disaient que ce serait dur d’attirer des joueurs ici, parce que c’est éloigné de Québec et Montréal, entre autres. Moncton est entré dans la ligue en même temps que nous, mais la plupart des équipes des maritimes sont arrivées par après. Aujourd’hui, la ville de Rimouski n’est plus perçue comme étant loin, mais en 1995 c’était bien différent» explique Doris.
Malgré la perception d’éloignement que représentait Rimouski au départ, pour Doris Labonté, la région, sa région a toujours été bien proche de son cœur. «Pour moi, c’était primordial d’avoir des joueurs originaires de la région. Le développement des joueurs d’ici a toujours été une priorité pour moi» dit-il avec fierté. Allan Sirois a d’ailleurs été le premier joueur d’impact originaire du Bas St-Laurent à évoluer avec l’Océanic, en 1995-1996. Ce qui s’avérait être sa dernière saison dans le junior allait devenir une saison de véritable éclosion pour le natif de Rivière-du-Loup. 127 points dont 59 buts en 69 matchs, lui qui avait amassé 155 points en trois saisons au préalable avec les Saguenéens de Chicoutimi. Comme quoi jouer proche de la maison, dans un environnement familial peut faire des miracles. «Allan a joué un rôle très important en tant que vétéran dans une équipe jeune. Il était un leader et travaillait fort. On voyait qu’il était heureux de jouer chez lui» soutien Doris Labonté, qui a été un artisan de premier plan dans la venue de Sirois à Rimouski.
Une philosophie : Le bien-être des gars
«J’ai toujours dit que le junior c’est l’université du hockey. Le but c’est de rendre les joueurs le meilleur possible selon leurs capacités, mais c’est aussi important de les aider dans tous les aspects de leur vie quotidienne. Le côté humain était une priorité pour moi au même titre que le côté sportif. J’étais comme leur oncle. J’avais leur bonheur à cœur, mais j’étais capable d’être autoritaire lorsque c’était le temps. J’ai pour mon dire que plus le joueur est heureux dans sa vie en général, plus il sera motivé à travailler et produire sur la glace» affirme l’ancien entraîneur de l’Océanic.
L’image que Doris Labonté projetait était celle d’un homme très dynamique et actif derrière le banc. «Les gens pensaient que je criais après les joueurs durant toute la game et que j’étais très sévère, mais ce n’était pas le cas» explique Doris avec le sourire.
Diriger les meilleurs
Doris Labonté a été le chef d’orchestre de l’Océanic de 1997 à 2001 et de 2004 à 2007. Au passage, il aura dirigé plusieurs joueurs de grand talent dont certains allaient finalement s’établir comme des joueurs vedettes dans la Ligue Nationale. «Les meilleurs sont très exigeants et s’appliquent dans les détails. Les joueurs surdoués ne se pardonnent pas des erreurs bêtes, donc ils s’organisent pour ne pas en faire» dit Doris.
Vincent Lecavalier :
«Vincent avait un très grand potentiel, c’est une bonne personne, un gars de caractère. Il avait vraiment tous les atouts pour réussir. Ce que j’aurais aimé, c’est qu’il joue une année de plus avec nous pour dominer complètement le junior. Par contre, il a été repêché premier au total par le Lightning et là-bas ils l’ont comparé dès le départ à un futur Michael Jordan du hockey. Ça mettait une pression énorme sur lui. Il connaît une très bonne carrière, il a entre autres gagné le trophée Maurice Richard, mais je crois que ça aurait été vraiment bon pour lui de jouer une saison de plus dans le junior».
Brad Richards :
«Il avait un sens du jeu incroyable, il était aussi très régulier. Il croyait en ses capacités. C’était évident pour lui qu’il allait jouer au niveau professionnel et avoir du succès. Il mettait tous les efforts pour que ça arrive. Le fait d’être choisi en troisième ronde de son côté dans la ligue nationale lui a donné la chance d’avoir la saison de plus dans le junior que Vincent n’a pas eu. Il a dominé avec 186 points».
Sidney Crosby :
«Sidney est né pour jouer au hockey. C’est comme le Mozart du sport. Il était facile à coacher, parce qu’il prêchait par l’exemple. Je tenais à ce qu’il passe par le même chemin que les autres joueurs par soucis d’équité et de respect pour tout le monde. Il n’y avait pas de passe-droits pour personne, c’est l’effort que je récompensais. Sidney était très à l’aise avec ce concept là et il ne voulait pas obtenir des choses sans les avoir méritées de toute façon. Ça empêchait qu’il y ait de la jalousie de qui que ce soit. Disons qu’il a vite prouvé aux autres qu’il était là pour jouer et pour mériter sa place. Quand il est arrivé avec l’équipe, j’ai décidé de le faire jouer dans un match pré-saison. Son père ne comprenait pas trop pourquoi. Sidney a fait huit points dans le match. À 16 ans, un joueur se fait respecter assez vite avec ce genre de performance».
Doris Labonté se dit fier d’avoir côtoyé plusieurs autres joueurs dont Jonathan Beaulieu, qui avait Rimouski et le «C» de capitaine tatoués sur le cœur. Il nomme aussi Marc-Antoine Pouliot, qu’il considérait comme son neveu. Il lève également son chapeau au gardien Sébastien Caron qu’il identifie comme son joueur par excellence de la conquête de la Coupe Memorial en 2000.
Quelques accomplissements dans la carrière de Doris Labonté avec l'Océanic:
*Conquête de la Coupe Memorial en 2000 à Halifax
*2 Coupes du Président en 2000 et 2005
*2 Trophées Jean-Rougeau en 2000 et 2005
*Entraîneur-chef de l’année en 1999-2000 dans la LHJMQ
*35 matchs consécutifs sans subir la défaite en 2005
*48 victoires en saison régulière, 102 points au classement et 370 buts marqués en 2000
Un retour?
Coach Labonté a reçu plusieurs offres dans la LHJMQ comme en Europe pour revenir dans le hockey depuis qu’il ne travaille plus pour l’Océanic, soit depuis 2007. Cependant un retour semble peu probable.
«Je me suis investi beaucoup avec l’Océanic pendant 12 ans et dans le hockey en général. J’aimais être directeur général, parce que je pouvais avoir le contrôle sur les joueurs qui entraient et qui sortaient. J’aimais être entraîneur pour les liens qui se tissaient avec les joueurs. Par contre, le hockey est un mode de vie, ça demande beaucoup de temps. Je suis à la retraite maintenant. Je marche, je fais du vélo, je bouge beaucoup. Je ne me vois pas retourner à temps plein dans le hockey» soutien Doris Labonté avec une certaine nostalgie dans la voix.
À moins de recevoir une offre qu’il ne pourra pas refuser de la part de l’Océanic, son équipe, les possibilités de revoir Doris Labonté dans une ligue de haut niveau sont plutôt minces. N'empêche que les partisans s’ennuient de la fougue et de la passion de cet homme de cœur.
3 commentaires
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Il a raison au sujet de Lecavalier.
Brad, un joueur d'exception. Mon favori.
Sid, pas assez de mot pour le décrire.
Doris, bonne retraite.